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lire les Scythes ou les Suisses à notre ambassadeur suisse, à Hennin, à Taulès, à La Harpe, à Dupuits, qui ne savent rien encore bien positivement. J’attends vos ordres, dis-je, et je me prosterne.


6584. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
24 novembre[1].

Y a-t-il un amant qui écrive plus souvent à sa maîtresse, un plaideur qui fatigue plus son avocat, que je n’excède mes anges ?

En voilà encore, des corrections, et de très-bonnes, ou je me trompe beaucoup. — Mais ce sont les dernières, n’est-ce pas ? — Oui, je le crois, à moins que vous ne trouviez que le nom de Smerdis est trop souvent répété dans une même tirade, et alors on met le roi au lieu de Smerdis. Maman Denis a relu encore, et jure que je n’ai jamais rien fait de plus neuf et de plus passable : et je pense comme elle. Pour l’amour de Dieu, pensez comme nous. Avouez tout, faites réussir tout, marchez tête levée. Deux vieillards en robe, des bergers troussés, des Persans magnifiques, des contrastes perpétuels, un intérêt continu, du spectacle, du naturel, des mœurs vraies et piquantes, une catastrophe attendrissante, déchirante et terrible ! Les comédiens en sauraient-ils assez pour faire tomber tout cela ?

Et puis l’alibi, l’alibi, il est si nécessaire !

Respect et tendresse.


6585. — À M. DAMILAVILLE.
24 novembre.

Eh bien ! mon cher et vertueux ami, imprime-t-on le mémoire pour les Sirven ? Viendrons-nous enfin à bout de cette affaire, qui intéresse l’humanité entière ?

Je vous ai dit sans doute, et si je ne vous l’ai pas dit, je le redis ; et, si je l’ai redit, je le redis encore : Il est avéré, prouvé, démontré, que ce malheureux Jean-Jacques ne m’avait écrit, pour prix de mes bontés, une lettre très-insolente sur les spectacles[2] que pour engager avec moi une querelle, pour soulever

  1. Toutes les éditions donnent cette lettre à l’année 1772 ; c’est une faute. (G. A.)
  2. Dans la lettre de J.-J. Rousseau à Voltaire, du 17 juin 1760, on ne trouve pas une seule fois le mot spectacles, ni celui de théâtre : mais dans le reproche que Rousseau fait à Voltaire d’avoir perdu Genève (voyez tome XL, page 423, il en