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ANNÉE 1766.

Connaissez-vous, madame, un petit Abrégé de l’Histoire de l’Église[1], orné d’une préface du roi de Prusse ? Il parle en homme qui est à la tête de cent quarante mille vainqueurs, et s’exprime avec plus de fierté et de mépris que l’empereur Julien. Quoiqu’il verse le sang humain dans les batailles, il a été cruellement indigné de celui qu’on a répandu dans Abbeville.

L’assassinat juridique des Calas, et le meurtre du chevalier de La Barre, n’ont pas fait honneur aux Welches dans les pays étrangers. Votre nation est partagée en deux espèces : l’une, de singes oisifs qui se moquent de tout ; et l’autre, de tigres qui déchirent. Plus la raison fait de progrès d’un côté, et plus de l’autre le fanatisme grince des dents. Je suis quelquefois profondément attristé, et puis je me console en faisant mes tours de singe sur la corde.

Pour vous, madame, qui n’êtes ni de l’espèce des tigres ni de celle des singes, et qui vous consolez au coin de votre feu, avec des amis dignes de vous, de toutes les horreurs et de toutes les folies de ce monde, prolongez en paix votre carrière. Je fais mille vœux pour vous et pour M. le président Hénault. Mille tendres respects.


6581. — À M. DAMILAVILLE.
21 novembre.

J’ai lu, mon cher ami, la Lettre au docteur Pansophe, qu’on m’attribuait. Je voudrais l’avoir faite, et sans doute, si je l’avais faite, je ne la désavouerais pas. Elle est charmante, quoiqu’il y ait des longueurs et des répétitions. Il n’est pas douteux qu’elle ne soit de l’abbé Coyer ; mais, s’il ne l’avoue pas, je dois regarder cette réticence comme un mauvais procédé à mon égard : sa gloire et son honneur doivent l’engager à dire la vérité.

Bonsoir. Je n’ai pas un moment à moi, et vous vous en apercevrez bientôt. Je vous embrasse, vous et les vôtres.


6582. — À M. LACOMBE[2].
21 novembre au soir.

Je reçois votre paquet, monsieur. Il y a à la page 152, ligne 14, procrivit pour proscrivit. Je me souviens qu’il y avait aussi quelques

  1. Par l’abbé de Prades ; voyez page 203.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.