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Voici la destination que je fais, selon vos ordres, des rôles pour l’académie royale du Théâtre-Français.

Ô anges ! je n’ai jamais tant été au bout de vos ailes.

N. B. Il y a pourtant dans la Lettre au docteur Pansophe des longueurs et des répétitions. Elle est certainement de l’abbé Coyer.

N. B. Voulez-vous mettre mon gros neveu, l’abbé Mignot, du secret ?


6580. — À MADAME LA MARQUISE DU DEFFANT.
21 novembre.

La Lettre au docteur Pansophe, madame, est de l’abbé Coyer. J’en suis très-certain, non-seulement parce que ceux qui en sont certains me l’ont assuré, mais parce que, ayant été au commencement de l’année en Angleterre, il n’y a que lui qui puisse connaître les noms anglais qui sont cités dans cette lettre. Je connais d’ailleurs son style ; en un mot, je suis sûr de mon fait.

Il est fort mal à lui, qui se dit mon ami, de s’être servi de mon nom, et de feindre que j’écris une lettre à Jean-Jacques, quand je dis[1] qu’il y a sept ans que je ne lui ai écrit. Je me ferais sans doute honneur de cette Lettre an docteur Pansophe, si elle était de moi. Il y a des choses charmantes et de la meilleure plaisanterie ; il y a pourtant des longueurs, des répétitions, et quelques endroits un peu louches. Il faut avouer en général que le ton de la plaisanterie est, de toutes les clefs de la musique française, celle qui se chante le plus aisément. On doit être sûr du succès, quand on se moque gaiement de son prochain ; et je m’étonne qu’il y ait à présent si peu de bons plaisants dans un pays où l’on tourne tout en raillerie.

Pour moi, je vous assure, madame, que je n’ai point du tout songé à railler, quand j’ai écrit à David Hume : c’est une lettre[2] que je lui ai réellement envoyée ; elle a été écrite au courant de la plume. Je n’avais que des faits et des dates à lui apprendre ; il fallait absolument me justifier des calomnies dont ce fou de Jean-Jacques m’avait chargé.

C’est un méchant fou que Jean-Jacques ; il est un peu calomniateur de son métier ; il ment avec des distinctions de jésuite, et avec l’impudence d’un janséniste.

  1. Voyez tome XXVI, page 29.
  2. Celle du 24 octobre ; voyez tome XVI. page 29.