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vous assurer, monsieur, que les ducs de Choiseul et de Praslin ne vous sauront pas mauvais gré des soins que vous aurez pris pour arrêter ces infamies. Ils sont trop grands, à la vérité, pour être sensibles aux satires d’un malheureux, qui ne mérite que le mépris ; mais ils sont trop justes et trop amis du bon ordre pour ne pas réprimer une audace trop longtemps soufferte.

Pour moi, monsieur, je vous avoue que ce petit événement, tout désagréable qu’il est, me laisse une grande consolation dans le cœur, puisqu’il a servi à renouer notre correspondance, et qu’il me donne une occasion de vous renouveler les sentiments de la véritable estime que vous m’avez inspirée, et de vous dire avec combien de vérité j’ai l’honneur d’être de tout mon cœur, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


6562. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[1].
5 novembre.

Nous verrons, mes anges, si ce petit paquet sera encore soufflé comme les autres. Vous connaîtrez J.-J. Rousseau ; il est digne de se lier en Angleterre avec d’Éon et Vergy[2]. Il est vrai qu’il n’y a point de galères en Angleterre ; mais les Anglais ont des îles et possèdent le grand pays du Canada, où ces messieurs ne figureraient pas mal parmi les Hurons.

Les Genevois sont devenus fous d’Olympie ; on la joue tous les jours, et à trois heures il n’y a plus de place. Tâchez donc que cet hiver Mlle Durancy puisse inspirer à Paris la même folie. Tout le monde a vu Olympie, hors moi, qui suis dans mon lit. Ne pourrai-je vous donner encore une tragédie avant de finir ma carrière ? il faudrait que les fripons de la littérature ne dérangeassent pas mon repos et ne me fissent pas perdre un temps précieux. Je suis enchanté de M. Marin, et je vois, par les services qu’il me rend, combien il vous est dévoué.

Respect et tendresse.


6563. — À M. DAMILAVILLE.
5 novembre.

J’espère, mon cher ami, que ce petit paquet vous parviendra. Celui de Meyrin est perdu, à ce que je vois. Je ne sais pas ce

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Qui publiaient des factums contre l’ambassadeur de France.