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24 de janvier 1761, est défigurée d’une manière plus maligne et plus scandaleuse que les autres. On y outrage indignement un général d’armée[1], ministre d’État, dont le mérite est égal à la naissance. Il est, ce me semble, de votre intérêt, monsieur, du mien, et de celui de la vérité, de confondre une si horrible calomnie. Voici comme je m’explique sur la valeur de ce général :

« Nous exprimerions encore différemment l’intrépidité tranquille que les connaisseurs admirèrent dans le petit-neveu du héros de la Valteline, etc. »

Voici comme l’éditeur a falsifié ce passage :

« Nous exprimerions encore différemment l’intrépidité tranquille que quelques prétendus connaisseurs admirèrent dans le plus petit-neveu du héros de la Valteline, lorsque ayant vu son armée en déroute par la terreur panique de nos alliés à Rosbach qui causa pourtant la nôtre, ce petit-neveu ayant aperçu, etc. »

Cet article, aussi insolent que calomnieux, finit par cette phrase non moins falsifiée : « Il eut encore le courage de soutenir tout seul les reproches amers et intarissables d’une multitude toujours trop tôt et trop bien instruite du mal et du bien. »

Une telle falsification n’est pas la négligence d’un éditeur qui se trompe, mais le crime d’un faussaire qui veut à la fois décrier un homme respectable et me nuire. Il vous nuit à vous-même, en supposant que vous êtes le confident de ces infamies. Vous ne refuserez pas sans doute de rendre gloire à la vérité. Je crois nécessaire que vous preniez la peine de me certifier que ce morceau de ma lettre, depuis ces mots, nous exprimerions, jusqu’à ceux-ci, du mal et du bien, n’est point dans la lettre que je vous écrivis ; qu’il y est absolument contraire, et falsifié de la manière la plus lâche et la plus odieuse. Je recevrai avec une extrême reconnaissance cette justice que vous me devez ; et le prince qui est intéressé à cette calomnie sera instruit l’honnêteté et de la sagesse de votre conduite, dont vous avez déjà donné des preuves[2].

Recevez celles de mon estime, et de tous les sentiments avec lesquels j’ai l’honneur d’être, monsieur, etc.

  1. Le prince de Soubise. — Voyez tome XLI, page 170.
  2. Le certificat de M. de Tovazzi a été imprimié dans les journaux. (K.) — Voyez tome XXV, page 581.