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Vous savez qu’il a fait imprimer dans son infâme recueil la Lettre que je vous écrivis sur les Sirven l’année passée[1]. Ne sachant pas votre nom, il vous appelle M. D’amoureux ; il dit, dans une note, « qu’il a restitué un long passage que le censeur n’avait pas laissé subsister dans l’édition de Paris ». Ce passage, qui se trouve à la page 181 de son édition, concerne Genève et J.-J. Rousseau[2]. Il me fait dire « qu’il y a une grande dame de Paris qui aime Jean-Jacques comme son toutou. » Vous m’avouerez que ce n’est pas là mon style ; mais cette grande dame pourrait être très-fâchée, et il ne faut pas susciter de nouveaux ennemis aux philosophes.

Je vous prie donc, au nom de l’amitié et de la probité, de m’envoyer un certificat[3] qui confonde hautement l’imposture de ce malheureux. S’il y a eu en effet un censeur par les mains de qui ait passé cette lettre que vous imprimâtes, réclamez son témoignage ; s’il n’y a point eu de censeur, le mensonge de Robinet est encore par là même pleinement découvert, puisqu’il prétend restituer un passage que le censeur a supprimé.

Vous voyez qu’il faut combattre toute sa vie. Tout homme public est condamné aux bêtes ; mais il est quelquefois indispensable d’écraser les bêtes qui mordent. Je me chargerai de faire mettre dans les journaux ce désaveux. J’y ajouterai quelques réflexions honnêtes sur les indécences et les calomnies dont les notes de ce M. Robinet sont chargées.

Je crois qu’on a bien oublié actuellement dans Paris des choses que les âmes vertueuses et sensibles n’oublieront jamais. Je voudrais qu’on aimât assez la vérité pour exécuter le projet proposé à M. Tonpla. Est-il possible qu’on ne trouvera jamais quatre ou cinq avocats pour plaider ensemble une si belle cause ?

Adieu, mon très-cher ami. Écr. l’inf…


6488. — AU RÉDACTEUR DU COURRIER D’AVIGNON[4].
Ferney, le 8 septembre 1766.

J’aperçois, monsieur, que vous avez mis dans votre Courrier du mois passé cet article :

  1. Le 1er mars 1765 ; voyez n° 5929, tome XLIII, page 473.
  2. Nous avons donné ce passage en note, tome XLIII, page 478.
  3. Voyez ce certificat, tome XXV, pages 580-581.
  4. Éditeur, H. Beaune. — Cette lettre a été datée à tort, par le premier éditeur, de 1756.