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ANNÉE 1766.
6487. — À M. DAMILAVILLE.
8 septembre.

J’ai bien des choses à vous dire, mon cher ami.

Premièrement, dès que M. de Beaumont m’eut écrit qu’il fallait demander M. Chardon pour rapporteur, je n’eus rien de plus pressé que de faire ce qu’il me prescrivait[1], tout malade et tout languissant que je suis. Vous savez quelle est mon activité dans ces sortes d’affaires ; vous savez que ma maxime est de remplir tous mes devoirs aujourd’hui, parce que je ne suis pas sûr de vivre demain.

On m’a mandé depuis qu’il fallait attendre ; je ne pouvais pas deviner ce contre-ordre. Tout ce que je peux faire est de ne pas réitérer ma demande. Je vous supplie de le dire à M. de Beaumont.

Je suis déjà tout consolé, et Sirven l’est comme moi, si l’on ne peut pas obtenir une évocation. Ce sera beaucoup pour lui si l’on imprime seulement le mémoire de M. de Beaumont[2]. Il est si convaincant et si plein d’une vraie éloquence qu’il fera également la gloire de l’auteur et la justification de l’accusé. Le public éclairé, mon cher ami, est le souverain juge en tout genre ; et nous nous en tenons à ses arrêts, si nous ne pouvons en obtenir un en forme juridique.

La seconde prière que je vous fais, c’est de m’envoyer le factum pour feu M. de La Bourdonnais[3].

J’ai une troisième requête à vous présenter au sujet de ce Robinet qu’on dit être l’auteur de la Nature, et qui certainement ne l’est pas : car l’auteur de la Nature sait le grec, et ce Robinet, l’éditeur de mes prétendues Lettres, cite dans ces Lettres deux vers grecs[4], qu’il estropie comme un franc ignorant. On voit d’ailleurs dans le livre une connaissance de la géométrie et de la physique que n’a point le sieur Robinet. Enfin ce Robinet est un faussaire. Il est triste que de vrais philosophes aient été en relation avec lui.

  1. La lettre où Voltaire fait cette demande manque.
  2. Pour les Sirven ; Voltaire en parle ici de confiance, à moins qu’il n’en ait vu le plan ou une partie, car, un mois après, le Mémoire n’était pas encore fait ; voyez lettre 6529.
  3. Il l’avait déjà demandé dans la lettre 6446.
  4. Dans la lettre à Deodati de Tovazzi, du 24 janvier 1761 ; voyez n° 4432, tome XLI, page 168.