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ANNÉE 1766.

« Dans un grand empire qui étend sa domination sur autant de peuples divers qu’il y a de différentes croyances parmi les hommes, la faute la plus nuisible au repos et à la tranquillité de ses citoyens serait l’intolérance de leurs différentes religions. Il n’y a même qu’une sage tolérance également avouée de la religion orthodoxe et de la politique qui puisse ramener toutes ces brebis égarées à la vraie croyance. La persécution irrite les esprits ; la tolérance les adoucit et les rend moins obstinés, en étouffant ces disputes contraires au repos de l’État et à l’union des citoyens. »

Après cela suit un précis du livre de l’Esprit des lois, Sur la magie, etc.[1], qu’il serait trop long de rapporter ici, où il est dit tout ce qu’on peut dire pour préserver d’un côté les citoyens des maux que peuvent produire de pareilles accusations, sans cependant troubler, de l’autre, la tranquillité des croyances, ni scandaliser les consciences des croyants. J’ai cru que c’était l’unique voie praticable d’introduire les cris de la raison que de les poser sur le fondement de la tranquillité publique, dont chaque individu sent continuellement le besoin et l’utilité.

Le petit comte Schouvalow, de retour dans sa patrie, m’a fait le récit de l’intérêt que vous lui avez témoigné prendre à tout ce qui me regarde. Je finis par vous en marquer ma gratitude.


Catherine.

6394. — À MADAME VEUVE DUCHESNE[2].
À Ferney, 11 juillet.

Je fais partir par les voitures de Genève, et ensuite par la diligence de Lyon à Paris, mardi prochain, 15 du mois, les feuilies de la Henriade augmentées et corrigées, avec toutes les instructions nécessaires pour que Mme Duchesne puisse faire une belle édition. Je souhaite qu’elle en tire quelque avantage. Je suis son très-humble serviteur.


6395. — À M. HENNIN.
Jeudi matin.

Ma foi, monsieur, les beaux esprits se rencontrent. Vous ne me dites point que messieurs les plénipotentiaires avaient employé la même formule que moi chétif, quand je vous montrai mon édit émané contre le col tord ou tors[3]. Si on lui donne une attestation

    à la rédaction d’un nouveau Code de lois, n° 493-495. La traduction que contient la lettre de Catherine est autre que celle qui se lit dans la traduction entière de l’Instruction, dont j’ai sous les yeux une édition de 1779. (B.)

  1. Livre XII.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François. — Réponse à la lettre 6378.
  3. Vernet ; voyez page 316, note 2.