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qui sont devenus un peu rares à Paris. Cet ouvrage ayant été débité avec une permission tacite, je ne puis croire que la chambre syndicale vous refuse votre exemplaire.

J’attends tous les jours la tragédie de mon ami[1], que je ne manquerai pas aussi de vous envoyer. Il me parut, à la première lecture que j’en fis, que les remarques historiques dont cette pièce est accompagnée pourraient lui procurer un très-grand débit. Si, en attendant, vous êtes toujours dans le dessein d’imprimer les petits chapitres par ordre alphabétique, on vous fera tenir des additions. Vous observerez, s’il vous plaît, qu’il se trouve plusieurs chapitres sur la même matière ; il ne vous sera pas difficile de conformer les titres aux objets qui sont traités dans chaque chapitre, et de mettre le tout dans un ordre convenable.

Je vous supplie, s’il en est temps, monsieur, de vouloir bien ôter l’annonce de Genève à la poétique que vous avez imprimée à Paris. Vous m’avez honoré d’une préface qui est trop à mon avantage ; il n’est pas juste qu’on croie que j’ai fait imprimer mes louanges à Genève. Mais, si ce que je vous demande n’est plus praticable, rendez-moi du moins, par vous et par vos amis, la justice que je mérite. J’ai à cœur que l’on sache combien vous m’avez fait d’honneur, et qu’on ne m’accuse pas d’avoir voulu m’en faire à moi-même. Je regarderai toujours comme un honneur très-flatteur d’être imprimé par vous.

Ne doutez point des sentiments d’estime, d’amitié et de reconnaissance que je vous ai voués.


6384. — À M. LE CHEVALIER DE TAULÈS.
À Ferney, 3 juillet.

Voulez-vous bien, monsieur, que je vous adresse cette réponse que je dois à M.  Thomas[2] ? Je crois que je l’aime autant que vous l’aimez, sans que je l’aie jamais vu. Vous êtes dans le temple de la Discorde, tandis que je suis dans celui de la Paix : mais je quitterais volontiers mon temple pour venir vous embrasser dans le vôtre, si j’avais une heure de santé. Donnez-moi la consolation, je vous en prie, de présenter mes respectueux hommages à monsieur l’amhassadeur : je me flatte que sa santé est entièrement raffermie, et qu’il a, comme vous, un corps digne de son âme ; la mienne, toute languissante qu’elle est, vous est bien véritablement attachée.

  1. Le Triumvirat.
  2. Cette lettre à Thomas est perdue.