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ANNÉE 1766.

qu’on lui donne du vieux pour du nouveau. Il serait à souhaiter que le public donnât dans le même panneau, et qu’il relût nos auteurs du bon temps, au lieu de se gâter le goût par les misérables nouveautés dont on nous accable.

Vous êtes sans doute informé du nouveau livre qui paraît sous le nom de Frèret[1] ; c’est un excellent ouvrage qui doit déjà être connu en Allemagne. Les citations sont aussi fidèles que curieuses, les preuves claires, et le raisonnement si vigoureux qu’il n’y a qu’un sot qui puisse y répliquer. Les Lettres sur les miracles[2] de Baudinet et de Covelle ne sont point encore connues en France.

Si je trouve dans mes paperasses quelques petits morceaux qui puissent figurer dans vos envois, je ne manquerai pas de vous en faire part ; mais à présent je suis si occupé de l’édition in-4° que les Cramer font de mes anciennes sottises, je suis si enseveli dans des tas de papiers, que je ne peux rien débrouiller ; mais quand je serai défait de cet embarras désagréable, je chercherai tous les matériaux qui pourront vous convenir. Nous comptons avoir incessamment un des neveux de votre correspondant. J’aime bien autant les voir chez moi que de les aller chercher chez eux. Nous avons eu l’abbé Morellet ; c’est un homme très-aimable, très-instruit, très-vertueux. Voilà comme les vrais philosophes sont faits, et ce sont eux qu’on veut persécuter ! Adieu, mon cher ami ; vivez tranquille et heureux.


6378. — DE MADAME VEUVE DUCHESNE[3].
Paris, 28 juin 1766.

Monsieur, feu mon mari eut l’honneur de vous marquer, il y a environ dix-huit mois, qu’il avait le dessein de faire une nouvelle et très-belle édition de la Henriade. Le goût du public vrai et constant pour tous vos ouvrages m’a engagée à ne pas perdre de vue ce projet. L’impression n’en est pas encore commencée, mais les dessins sont déjà esquissés. Dès que la première planche sera en état d’être tirée, j’aurai l’honneur de vous en envoyer la meilleure épreuve. M. Duchesne avait pris la liberté de vous demander si vous n’auriez pas quelque sujet d’estampe nouveau ; permettez-moi de prendre celle de vous faire la même demande ; bien que le dessinateur soit un homme de génie, vos avis à cet égard seraient des ordres pour lui et pour moi.

J’ai l’honneur devons adresser ci-jointe une lettre relative à la nouvelle édition de la France littéraire que je vais faire ; j’ose attendre de vous,

  1. Voyez lettre 6306.
  2. Voyez tome XXV, page 357.
  3. Dernier Volume des Œuvres de Voltaire, 1862.