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bon philosophe et un si parfait citoyen nous ait été ravi à la fleur de son âge.

Je ne suis pas assez bon financier pour savoir si l’impôt sur les terres suffirait ; je vois seulement qu’il n’y a aujourd’hui aucun pays dans le monde où les marchandises, et même les commodités de la vie, ne soient taxées. Cela est d’une discussion trop longue pour une lettre, et trop embarrassant pour mes faibles connaissances. L’article Unitaire[1] est terrible. J’ai bien peur qu’on ne rende pas justice à l’auteur de cet article, et qu’on ne lui impute d’être trop favorable aux sociniens ; ce serait assurément une extrême injustice, et c’est pour cela que je le crains.

Vous m’avez fait un très-beau présent en m’envoyant la réponse du roi au parlement. Il y a longtemps que je n’ai rien lu de si sage, de si noble, et de si bien écrit. Les remontrances n’approchent pas assurément de la réponse. Si le roi n’était pas protecteur de l’Académie, il faudrait l’en mettre pour cet ouvrage.

M. Marin m’a fait l’amitié de m’écrire au sujet de ces lettres que Changuion a imprimées. Il me mande qu’il se conduira, à son ordinaire, comme mon ami, et comme un homme qui veut de la décence dans la littérature.

Voulez-vous bien m’adresser, par Lyon, six exemplaires de ce petit Voltaire portatif[2] ? C’est un bouclier contre les flèches des méchants.

Protagoras n’est point marié. Tant mieux s’il l’était, parce qu’il ferait des d’Alembert ; et tant mieux s’il ne l’est pas, attendu qu’il n’a pas une fortune selon son mérite.

Je vous embrasse bien tendrement, mon cher frère. Écr. l’inf…

Le petit discours[3] qu’on prétend mettre à la suite du mémoire pour les Sirven n’est qu’une sortie contre le fanatisme, et une exhortation à faire du bien à cette malheureuse famille. Cela n’est bon que pour l’étranger.

  1. L’article est de Naigeon.
  2. Voyez la lettre 6266.
  3. Voltaire, dans sa lettre du 4 février (n° 6262), parle d’un certificat de sa façon. Il s’agit ici d’un petit discours. Je ne connais rien sous ces titres, et probablement c’était ce qu’il fit imprimer plus tard sous le titre de Avis au public sur les parricides imputés aux Calas et aux Sirven (voyez tome XXV, page 517) ou une première ébauche. (B.)