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le fit cocu avec le diable ; il fallait continuer sur ce ton, et on serait mort de rire.

Je crois que vous avez été à la première représentation du Gustave de La Harpe. Vous savez que je m’intéresse à ce jeune homme : il n’a que son talent pour ressource ; s’il ne réussit pas, il est perdu.

Est-il vrai que Protagoras se marie à Mme de Lespinasse ? Voilà tous les philosophes en ménage, il ne manque plus que vous. Faites-nous des sages, ou faites-nous des livres. Quel dommage que Platon n’ait qu’une fille ! S’il avait eu des garçons, ils auraient coupé toutes les têtes de l’hydre, dont on n’a rogné que les ongles.

On me dit qu’on a imprimé à Paris la petite comédie de Henri IV[1], par Collé. Quoique je n’aime point à voir Henri IV en comédie[2], cependant, mon cher ami, envoyez-moi cette bagatelle ; mais surtout écr. l’inf…


6288. — À M. LE MARQUIS DE VILLEVIEILLE[3].
À Ferney, 10 mars.

Le roi Stanislas, monsieur, est mort comme Hercule, dont il avait le poignet. L’un et l’autre ont été brûlés dans leur robe de chambre ; mais la carrière de Stanislas a été plus heureuse et plus longue que celle d’Hercule.

J’ai vu avec un extrême plaisir l’heureuse famille de M. de Marnezia. Je vous supplie de vouloir bien lui présenter mes compliments et mes remerciements.

Vous êtes toujours très-regretté à Ferney, et surtout de votre très-humble, très-obéissant et très-malade serviteur. V.


6289. — DE M. D’ALEMBERT.
À Paris, ce 11 mars.

Ce n’est point un jésuite, mon cher et illustre ami, qui vous remettra cette lettre de ma part ; quelque aguerri que vous deviez être à voir cette robe, puisque vous en nourrissez un depuis dix ans, je ferais scrupule de vous surcharger de pareille marchandise. Ce n’est donc point un jésuite, mais beaucoup mieux à tous égards, que je vous prie de recevoir et d’accueillir ;

  1. Voyez la note V, tome XLII, page 93.
  2. Voltaire lui-même, l’année suivante, composa Charlot.
  3. Éditeurs, de Cayrol et François.