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9254. — À M.  DAMILAVILLE.
2 février.

Mon cher ami, me voilà bien embarrassé. Je n’ai point Wagnière. Il est allé voir à Lausanne son père, qui se meurt d’une maladie contagieuse qui désole notre pauvre pays. Il risque beaucoup dans ce voyage. J’en suis très-inquiet, mais je ne puis empêcher un fils d’aller prendre soin de la vie de son père. Voici des papiers très-importants sur l’affaire de Sirven, pour le généreux M. de Beaumont. Je n’ai actuellement ni le temps ni la force de lui écrire. Je vous supplie de lui dire à quel point va mon enthousiasme pour lui ; c’est précisément le même que je me sens pour vous.


6255. — À M.  DAMILAVILLE.
2 février.

Mon cher frère, il y a deux hommes attendris et hors d’eux-mêmes : c’est Sirven et moi. Vous trouverez ici mes remerciements au généreux M.  de Beaumont[1] : je vous prie de les lui faire passer. Je renverrai incessamment son mémoire. Je commence à espérer beaucoup. Il me paraît bien difficile qu’on résiste à des faits si avérés, à de si bons raisonnements, et à tant d’éloquence.

M. Bastard, premier président du parlement de Toulouse, que sa compagnie tient toujours exilé à Paris, pourra nous servir bien utilement. Je ne vous dis rien du factum ; vous verrez exactement ce que j’en pense dans la lettre que j’écris à l’auteur. Je vous enverrai le billet de Merlin dès que je serai sorti de mon lit, où je suis, et que j’aurai fouillé dans mes paperasses.

Mes voisins les Genevois sont toujours très-tranquilles. On n’a pas voulu me croire. J’assurai toujours qu’il n’y aurait pas la moindre ombre de tumulte. Il est plaisant de se donner la peine d’envoyer des ambassadeurs, parce que dans une petite ville fort au-dessous d’Orléans et de Tours il y a deux avis différents. Depuis les grenouilles et les rats[2], qui prièrent Jupiter de venir les accommoder, il ne s’est vu rien de semblable.

  1. C’est la lettre 6253.
  2. Voyez la Batrachomyomachie, poëme compris dans les Œuvres d’Homère.