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de faire mettre à la fin de l’édition, en errata, ce que je lui ai envoyé[1]. Comptez que ces deux vers-là, et ceux qu’on m’envoie de Paris, contribueront à abréger ma vie.

On m’a mandé que le Philosophe sans le savoir n’avait ni nœud, ni intrigue, ni dénoûment, ni esprit, ni comique, ni intérêt, ni vraisemblance, ni peinture des mœurs ; mais il faut bien pourtant qu’il y ait quelque chose de très-bon, puisque vous l’approuvez. Après tout, ce n’est qu’à la longue, comme vous savez, que les ouvrages en tous genres peuvent être appréciés.

Je vous souhaite les bonnes fêtes, comme on dit à Parme ; et puisse le temps des bonnes fêtes ne vous pas faire le même mal qu’il a fait à ma poitrine et à mes yeux !

Vous serez bien aimable de faire valoir un peu auprès de M. le duc de Praslin la manière franche et désintéressée dont je me suis conduit avec mes voisins, avant l’arrivée de M. Hennin.

Respect et tendresse.


6195. — À M. HENNIN.
À Ferney, 21 décembre.

J’écris à M. d’Argental, monsieur. Je lui dis que je vous ai remis le Mémoire de ses avocats. Ils n’ont consulté que l’étiquette. Ils se trompent sur quelques usages de Genève. Vous accorderez la justice avec les convenances.

Comme je dis à M. d’Argental tout ce qui me passe par la tête, je propose que vous soyez nommé médiateur. Je ne trouve rien de plus à sa place. Vous êtes sur les lieux ; vous êtes au fait ; on a confiance en vous. Vous monterez la machine comme médiateur, vous la ferez aller ensuite comme résident. Vous serez l’arbitre du petit État où vous êtes ministre, jusqu’à ce qu’on vous donne des emplois plus importants. Je ne vois nulle difficulté à cette nomination. Un résident de France vaut bien un ministre de Berne.

Vous croyez bien qu’en écrivant dans cette vue à M. d’Argental, je suis loin de vous compromettre ; que je donne cette idée comme une de mes imaginations que notre ancienne amitié me met en droit de lui confier. Enfin c’est une niche que je

    avait, en 1734, créé le rôle de Vendôme, et il pouvait avoir fait ou fait faire des corrections dans la pièce. Les deux vers que Voltaire blâme dans cette lettre étaient acte II, scène vii, où les interlocuteurs sont Vendôme et Coucy.

  1. Lettre 6182.