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Il faut mettre à la place :


Tout doit, si je l’en crois, céder à son pouvoir ;
Lui plaire est ma grandeur, l’aimer est mon devoir.


Je vous demande en grâce d’exiger ces deux cartons. Si le libraire les refuse, exigez du moins qu’on fasse un errata, dans lequel ces deux corrections se trouvent. Vous sentez à quel point ma demande est juste. Celui qui a glissé dans ma pièce ce détestable vers inintelligible :


Que les chefs de l’État ne trahissent leurs vœux,


ne m’a pas rendu un bon service.

Mandez-moi, je vous prie, quand vous jouez Gustave[1].

On m’a écrit que si monseigneur le dauphin se porte mieux, il y aura encore des spectacles à Fontainebleau ; mais j’en doute beaucoup.

Je crois M.  d’Argental à la cour ; c’est pourquoi je vous adresse cette lettre en droiture.

Adieu ; vous savez combien je vous suis tendrement dévoué. V.


6183. — À M.  LE MARQUIS D’ARGENCE DE DIRAC.
8 décembre.

Béni soit Dieu, monsieur ! vous et votre chanoine vous faites de bien belles actions ; couronnez-les en faisant de J. Meslier ce que vous avez fait de la Lettre sur Calas. Il faut que les choses utiles soient publiques ; vous en pouvez venir très-aisément à bout. Vous rendrez un service essentiel à tous les honnêtes gens. Ayez cette bonne œuvre à cœur. Il n’y a pas un homme de bien, dans le pays que j’habite, qui ne pense comme vous, et je me flatte qu’il en sera bientôt de même dans le vôtre.

Le docteur Tronchin craint pour les jours de monsieur le dauphin ; on dit que les médecins de la cour ne sont pas d’accord ; tout le monde est dans les plus vives alarmes ; mais on a toujours des espérances dans sa jeunesse et dans la force de son tempérament. Dieu veuille nous conserver longtemps le fils et le père ! Adieu, monsieur ; nous faisons les mêmes vœux pour toute votre famille.

  1. Le Gustave Wasa, tragédie de La Harpe, non imprimée, fut joué le 3 mars 1766.