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peut être altérée, mais ne doit point donner d’alarmes. Mandez-moi, je vous prie, s’il assiste au spectacle, et s’il a vu votre Adélaïde ; je dis la vôtre, car c’est vous seul qui l’avez ressuscitée.

Adieu, je vous embrasse, et je vous prie de me dire des nouvelles, si vous avez le temps d’écrire.


Ce 2 novembre.

Comme on allait porter ma lettre à Genève, j’ai retrouvé quelques lambeaux de cette Adélaïde, que j’ai si longtemps négligée.

1° Je suppose qu’on a rayé dans votre copie ces quatre vers du troisième acte :


Mais bientôt abusant de ma reconnaissance,
Et de ses vœux hardis écoutant l’espérance,
Il regarda mes jours, ma liberté, ma foi.
Comme un bien de conquête, et qui n’est plus à moi[1].


Ces quatre vers sont bons à être oubliés.

2° Je trouve, dans ce même troisième acte, à la dernière scène, ces vers dans un couplet de Coucy[2] :


Faites au bien public servir votre disgrâce.
Eh bien, rapprochez-les, unissez-vous à moi.

Je suppose qu’à la scène v et dernière du quatrième acte, vous tombez dans un fauteuil lorsque Coucy dit :


Il ne se connait plus, il succombe à sa rage ;


mais je ne crois pas que ce jeu de l’acteur doive être indiqué dans la pièce[3].

Voilà, mon cher ami, tout ce que je puis vous dire sur une pièce qui ne méritait pas l’honneur que vous lui avez fait.

Nous avons des pluies continuelles ; si la saison n’est pas plus belle à Fontainebleau, vos fêtes doivent être assez tristes.

  1. Ces vers sont dans l’édition de 1766 ; voyez tome III, page 138.
  2. Voyez tome III, page 116.
  3. Cette indication du jeu de l’acteur a été conservée (voyez tome III, page 124) ; elle était dans l’édition in-4o de 1768 et dans les suivantes.