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Le petit-conseil de Genève semble, je l’avoue, ne s’être conduit ni avec raison, ni avec justice, ni avec le profond respect que doivent les bourgeois de Genève à votre auguste impératrice ; mais Votre Excellence sait bien que, dans les compagnies, ce ne sont pas toujours les plus vertueux et les plus sensés qui prédominent. Il y a quelques magistrats que l’esprit de parti a rendus ridiculement ennemis de la France et de la Russie, et qui faisaient des feux de joie à leurs maisons de campagne lorsque nos armes avaient été malheureuses dans le cours de la dernière guerre.

Ce sont ces conseillers de ville qui ont forcé les autres à faire à M. de Bulau l’affront intolérable dont M. le comte de Schouvalow se plaint si justement. Je ne me mêle en aucune manière des continuelles tracasseries qui divisent cette petite ville ; et, sans avoir la moindre discussion avec personne, je me suis borné, dans cet éclat, à témoigner à M. le comte de Schouvalow et à d’autres mon respect, ma reconnaissance, et mon attachement pour Sa Majesté l’impératrice. Ces sentiments, gravés dans mon cœur, seront toujours la règle de ma conduite. C’est ce que j’ai écrit en dernier lieu à un ami de M. le duc de Praslin, et c’est une protestation que je renouvelle entre vos mains.

J’ai l’honneur d’être avec respect, etc.


6144. — À M.  LEKAIN.
À Ferney, le 1er novembre.

J’ai reçu, mon cher ami, votre lettre du 24 octobre, et vous devez avoir reçu à présent, par M. d’Argental, tout ce que j’ai pu faire pour votre Bretonne Adélaïde. Je ne l’ai pas actuellement sous les yeux : les maçons et les charpentiers se sont emparés de ma maison, et mes vers m’ennuient.

Je vous prie de me mander si vous êtes actuellement bien employé à Fontainebleau, si Mlle  Clairon y a paru, et si elle y paraîtra ; si on a joué Gertrude[1], et Ce qui plait aux Dames[2].

Je ne peux m’imaginer que monseigneur le dauphin soit en danger[3], puisqu’on donne continuellement des fêtes. Sa santé

  1. Voyez une note sur la lettre 6142.
  2. La Fée Urgèle ou Ce qui plaît aux Dames, comédie (de Favart et Voisenon) tirée du conte de Voltaire intitulé Ce qui plaît aux Dames (voyez tome X), avait été représentée à Fontainebleau le 26 octobre 1765, et le fut à Paris le 4 décembre.
  3. Il mourut le 20 décembre.