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prendrais beaucoup plus d’intérêt à l’architecture, si je pouvais jamais espérer de vous recevoir dans les appartements que je fais.

Je vous remercie des bontés que vous avez eues pour M. Dupuits, mon gendre[1] ; il a un procès contre des huguenots, et moi, j’en ai un contre un prêtre : nous verrons si je l’emporterai sur Juda, et lui sur Samarie.

Je ne sais si M. l’ancien premier président de La Marche est dans sa terre ; s’il y est, je vous supplie de lui dire, quand vous lui écrirez, qu’il aura en moi, jusqu’au dernier moment de ma vie, un serviteur bien tendrement attaché. Je ne lui écris point, car à quoi servent des lettres qui n’ont d’autre objet que celui de renouveler des sentiments dont il doit être sûr ? Je lui écrirais très-souvent si j’étais à portée de recevoir quelqu’un de ses ordres.

J’aurai l’honneur de vous envoyer l’édition in-4o qu’on va faire de bien des sottises[2], si je suis assez heureux pour la voir finie.

Conservez-moi votre amitié, elle m’est précieuse. Mille tendres respects.


6018. — À M.  LE MARQUIS DE VILLETTE.
15 mai[3].

Vous savez penser comme écrire :
Les Grâces avec la Raison
Vous ont confié leur empire ;
L’infâme Superstition
Sous vos traits délicats expire.
Ainsi l’immortel Apollon
Charme l’Olympe de sa lyre,
Tandis que les flèches qu’il tire
Écrasent le serpent Python.
Il est dieu quand par son courage
Ce monstre affreux est terrassé ;
Il l’est quand son brillant visage
Rallume le jour éclipsé ;
Mais entre les genoux d’Issé
Je le crois dieu bien davantage.

  1. Dupuits, mari de Mlle  Corneille, avait passé quelques jours à Dijon, chez M. de Ruffey, en avril 1765. Grimm ne vante pas son esprit.
  2. L’édition de ses œuvres par les Cramer.
  3. C’est par erreur qu’on a toujours classé cette lettre au 15 mars 1765. À cette époque, Villette était à Ferney.