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Il y aura des misérables qui, malgré les protestations honnêtes et respectueuses de l’abbé, croiront toujours qu’il a eu des intentions malignes ; mais il faut les laisser crier.

Je ne sais à qui en a le tyran du tripot ; mon cher ange a fait tout ce qu’il devait. Si le tyran persiste dans sa lubie, mon ange n’ayant rien à se reprocher l’abandonnera à son sens réprouvé.

On n’a donc point voulu permettre le débit de la Destruction Jésuitique, qui est aussi la destruction des jansénistes. Tous ces marauds-là en ites et en istes, et en iens, sont également les ennemis de la raison ; mais la raison perce malgré eux, et il faudra bien qu’à la fin ils n’aient d’empire que sur la canaille. C’est à mon gré le plus grand service qu’on puisse rendre au genre humain, de séparer le sot peuple des honnêtes gens pour jamais ; et il me semble que la chose est assez avancée. On ne saurait souffrir l’absurde insolence de ceux qui vous disent : Je veux que vous pensiez comme votre tailleur et votre blanchisseuse.

Mes anges, je baise le bout de vos ailes.


6002. — DE M.  DALEMBERT.
À Paris, ce 27 avril.

Mon cher et illustre maître, il est arrivé ce que nous espérions au sujet de l’histoire de la Destruction des Jésuites. Les gens raisonnables ont trouvé l’ouvrage impartial et utile, les amis des jésuites mêmes savent gré à l’auteur de n’avoir dit de la Société que le mal qu’elle méritait ; mais les conseillers de la cour janséniste convulsionnaire, en attendant le prophète Élie (qui aurait bien du leur prédire la tuile qui leur tombe aujourd’hui sur la tête], ont crié comme tous les diables. Ils voudraient, dit-on, dénoncer le livre au parlement ; mais, comme le parlement y est traité avec ménagement, il y a apparence qu’on leur rira au nez ; ils commencent à perdre de leur crédit, même dans la compagnie ; jugez de l’etat où sont leurs affaires. Ce qu’il y a de plaisant, c’est que cette canaille trouve mauvais qu’on lui applique sur le dos les coups de bûche qu’elle se fait donner sur la poitrine[1]. Il me semble pourtant que des coups de bûche sont toujours des secours, et que la place doit leur être indifférente ;


· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · Comme il n’importe guère
Que Pascal soit devant, ou Pascal soit derrière[2].

  1. Voyez l’article Convulsions, tome XVIII, page 269.
  2. Scarron, Don Japhet d’Arménie, acte II, scène ii.