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Il est digne d’une âme comme la vôtre d’être touchée du sort des Calas. On a déclaré leur innocence ; mais, en cela, on n’a rien appris à l’Europe. Il est question de les dédommager. Ce procès a coûté des sommes immenses. On se flatte que le roi daignera consoler cette malheureuse famille par quelques libéralités. Si on est réduit · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
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J’ai eu l’honneur de voir quelquefois chez moi M. de Servan, l’un de vos avocats généraux · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·

C’est un jeune homme plein de mérite, qui sera cher à tous ceux qui auront le bonheur de le connaître. J’ai l’honneur d’être avec bien du respect, etc. Permettez-moi d’en dire autant à monsieur votre fils, que je n’oublierai jamais.


5986. — À M. L’ABBÉ DU VERSET[1].

Je fais mon compliment, monsieur l’abbé, aux habitants de la ville de Vienne de vous avoir confié leur collège. Les jeunes gens de cette ville auront fait un grand pas vers la sagesse lorsqu’ils commenceront à rougir de l’atrocité de leurs ancêtres à l’égard du malheureux Servet. Il est très-important de leur apprendre de bonne heure que ce médecin espagnol, moitié théologien et moitié philosophe, avant d’être cuit à petit feu dans Genève, avait déjà été condamné à être brûlé vif à Vienne, au milieu du marché aux cochons. Il faut encore que ces jeunes gens sachent que Servet était l’ami et le médecin de l’archevêque et du premier magistrat de cette ville : ils devaient l’un et l’autre leur santé aux soins de Servet ; le fanatisme éteignit en eux tout sentiment d’amitié et de reconnaissance. Le prélat permit à son official, escorté d’un inquisiteur de la foi, de déclarer hérétique son médecin ; et le magistrat, escorté de quatre à cinq assesseurs aussi ignorants que lui, crut que, pour plaire à Dieu et pour édifier les bonnes femmes du Dauphiné, il devait en conscience faire brûler son ami Servet, déclaré hérétique par un inquisiteur de la foi.

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  1. Théophile-Imarigeon du Vernet, né à Ambert en Auvergne, en 1734, mort en ou avant 1797, est auteur d’une Vie de Voltaire publiée pour la première fois en 1786, et dont la dernière édition est de 1797. Il avait été l’éditeur et le mutilateur des Lettres de M. de Voltaire à M. l’abbé Moussinot, son trésorier, 1781, in-8o.