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mont[1] qui soit inépuisable. Le public se lasse bien vite d’être généreux.

Je suis bien malade ; tout baisse chez moi, hors mes tendres sentiments pour vous. Je me soumets à l’Être des êtres et aux lois de la nature ; mais écr. l’inf…

Je reçois dans le moment la sentence des Sirven. Je les croyais roués et brûlés, ils ne sont que pendus. Vous m’avouerez que c’est trop s’ils sont innocents, et trop peu s’ils sont parricides. Les complices bannis me paraissent encore un nouvel affront à la justice : car, s’ils sont complices d’un parricide, ils méritent la mort. Il n’y a pas le sens commun chez les Visigoths.

Je crois qu’après les Sirven les gens les plus à plaindre sont ceux qui liront ce griffonnage.


5978. — À M. LE DOCTEUR TRONCHIN[2].
5 avril.

Frère Damilaville vous rend compte, mon cher Esculape, de son emplâtre et de son obéissance à vos ordres. Je ne vous dis rien pour moi, quoique je souffre beaucoup. Je crois que ma plus grande maladie est d’avoir commencé ma soixante et douzième année, et d’être né très-faible. À cela, mon cher ami, il n’est d’autre remède que d’attendre patiemment les ordres irrévocables de la nature. Vous ne perdrez en moi qu’un admirateur, et vous en avez cent mille ; mais vous perdrez aussi un ami qui vous est plus attaché que tous ceux qui vous admirent.


5979. — À M. LE MARQUIS D’ARGENCE DE DIRAC[3].
6 avril.

Mon cher frère en Bayle et en tous les apôtres de la raison, je ne vous oublie point, quoique mes maux me permettent rarement d’écrire. Vous recevrez de Paris les plumes qu’on vous envoie de Hollande.

Grâces soient rendues à l’Être des êtres de ce que vous avez trouvé un aussi fidèle disciple que M. de La Haye ! Vous rendez service à l’humanité en éclairant des personnes de mérite qui en éclaireront d’autres, et qui formeront d’excellents citoyens.

  1. Pour les Calas et les Sirven.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.
  3. Éditeurs, de Cayrol et François.