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succès[1]. J’ai un cœur qui s’y intéresse. Je joins mes acclamations à celles de tout Paris. Jouissez de votre bonheur et de votre mérite. Il ne vous manque que d’être dénigré par Fréron, pour mettre le comble à votre gloire. Je vous embrasse sans cérémonie, il n’en faut point entre confrères. V.


5936. — À M.  LE COMTE D’ARGENTAL[2].
6 mars.

Mon cher ange, je dois des compliments à M. de Belloy, que vous protégez. Me permettrez-vous de vous les adresser ? Est-il vrai que l’ami Fréron a frisé le For-l’Évêque ? Il me semble que Bicêtre était plus son fait.

Vous ai-je dit combien j’ai été content du mémoire d’Élie de Beaumont ? Que je vous suis obligé, mon cher ange, de l’avoir encouragé ! Vous n’aurez pas peu contribué à la justification des Calas. C’est une action bien méritoire et bien digne de vous.

Un officier suisse fort aimable se charge d’un petit paquet pour vous ; je vous supplierai de le partager avec M. Damilaville.

Respect et tendresse aux anges.


5937. — À M.  DAMILAVILLE.
8 mars.

Mon cher frère, vous m’apprenez deux nouvelles bien intéressantes : on juge les Calas, et le généreux Élie veut encore défendre l’innocence des Sirven. Cette seconde affaire me paraît plus difficile à traiter que la première, parce que les Sirven se sont enfuis, et hors du royaume ; parce qu’ils sont condamnés par contumace ; parce qu’ils doivent se représenter en justice ; parce que enfin, ayant été condamnés par un juge subalterne, la loi veut qu’ils en appellent au parlement de Toulouse.

C’est au divin Élie à savoir si l’on peut intervertir l’ordre judiciaire, et si le conseil a les bras assez longs pour donner cet énorme soufflet à un parlement. Je crois qu’en attendant il ne serait pas mal de lâcher quelques exemplaires d’une certaine lettre[3] sur cette affaire.

    membre de l’Académie française, et mourut en 1775. Cette lettre fait partie du volume intitulé Lettres de M. de Voltaire à ses amis du Parnasse (voyez tome XXV, page 579) ; elle y est suivie d’une parodie en vers de cette même lettre.

  1. Le Siège de Calais, tragédie de de Belloy, avait été joué le 13 février 1765.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.
  3. Celle du 1er mars, n° 5929.