succès[1]. J’ai un cœur qui s’y intéresse. Je joins mes acclamations à celles de tout Paris. Jouissez de votre bonheur et de votre mérite. Il ne vous manque que d’être dénigré par Fréron, pour mettre le comble à votre gloire. Je vous embrasse sans cérémonie, il n’en faut point entre confrères. V.
Mon cher ange, je dois des compliments à M. de Belloy, que vous protégez. Me permettrez-vous de vous les adresser ? Est-il vrai que l’ami Fréron a frisé le For-l’Évêque ? Il me semble que Bicêtre était plus son fait.
Vous ai-je dit combien j’ai été content du mémoire d’Élie de Beaumont ? Que je vous suis obligé, mon cher ange, de l’avoir encouragé ! Vous n’aurez pas peu contribué à la justification des Calas. C’est une action bien méritoire et bien digne de vous.
Un officier suisse fort aimable se charge d’un petit paquet pour vous ; je vous supplierai de le partager avec M. Damilaville.
Respect et tendresse aux anges.
Mon cher frère, vous m’apprenez deux nouvelles bien intéressantes : on juge les Calas, et le généreux Élie veut encore défendre l’innocence des Sirven. Cette seconde affaire me paraît plus difficile à traiter que la première, parce que les Sirven se sont enfuis, et hors du royaume ; parce qu’ils sont condamnés par contumace ; parce qu’ils doivent se représenter en justice ; parce que enfin, ayant été condamnés par un juge subalterne, la loi veut qu’ils en appellent au parlement de Toulouse.
C’est au divin Élie à savoir si l’on peut intervertir l’ordre judiciaire, et si le conseil a les bras assez longs pour donner cet énorme soufflet à un parlement. Je crois qu’en attendant il ne serait pas mal de lâcher quelques exemplaires d’une certaine lettre[3] sur cette affaire.
- ↑ Le Siège de Calais, tragédie de de Belloy, avait été joué le 13 février 1765.
- ↑ Éditeurs, de Cayrol et François.
- ↑ Celle du 1er mars, n° 5929.
membre de l’Académie française, et mourut en 1775. Cette lettre fait partie du volume intitulé Lettres de M. de Voltaire à ses amis du Parnasse (voyez tome XXV, page 579) ; elle y est suivie d’une parodie en vers de cette même lettre.