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pour nous ; mais, par rapport au reste de la terre, elles sont d’hier ; et à l’égard de nous autres Gaulois ou Welches, il y a deux minutes que nous existons : c’est peut-être ce qui fait que nous sommes si enfants.

Adieu, monsieur ; tous mériteriez d’exister toujours. Agréez, avec votre bonté ordinaire, la très-tendre et très-respectueuse reconnaissance de votre, etc.


5890. — À M.  COLLENOT[1].
À Ferney, 21 janvier.

La personne que M. Collenot a consultée sent très-bien qu’elle ne mérite pas de l’être. Elle croit qu’il ne faut consulter sur l’éducation de ses enfants que leurs talents et leurs goûts. Le travail et la bonne compagnie sont les deux meilleurs précepteurs que l’on puisse avoir. L’éducation des collèges et des couvents a toujours été mauvaise, en ce qu’on y enseigne la même chose à cent enfants qui ont tous des talents différents. La meilleure éducation est sans doute celle que peut donner un père qui a autant de mérite que M. Collenot. Voilà tout ce qu’un vieux malade peut avoir l’honneur de lui répondre.


5891. — À M.  DE FLEURIEU,
ancien commandant, et prévvôt des marchands de lyon.
Au château de Ferney, 21 janvier.

Monsieur, je vous supplie de vouloir bien présenter mes respects à l’Académie ; j’y ajoute mes regrets de n’avoir pu assister à ses séances depuis dix ans, mais un vieux malade ne peut guère se transplanter. Si vous êtes mon doyen académique, je crois que j’ai l’honneur d’être le vôtre dans l’ordre de la nature. Je crois qu’elle vous a mieux traité que moi : vous écrivez de votre main, et c’est ce que je ne puis faire. Vous voyez toute votre aimable famille prospérer sous vos yeux, et moi, je n’ai pas l’honneur d’avoir des enfants : Mme  Denis, qui m’en tient lieu, vous fait les plus sincères compliments.

Il y a bien des fautes dans le Corneille que j’ai eu l’honneur de présenter à l’Académie. Cet ouvrage aurait dû être imprimé

  1. Ce négociant d’Abbeville avait consulté Voltaire sur l’éducation qu’il devait donner à ses enfants.