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lieu avait à ses gages quatre poètes du Pont-Neuf[1], dignes de travailler sous ses ordres. Il n’y a que les cœurs sensibles et les esprits philosophes qui rendent justice aux vrais talents. Puisse cet esprit philosophique germer dans la nation ! Après l’éloge que vous avez fait de Rameau, je ferai toujours le vôtre ; vous m’inspirez un sentiment d’estime qui approche bien de l’amitié ; j’ose vous demander la vôtre : les sentiments que j’ai pour vous la méritent. Comptez que c’est du meilleur de mon cœur, et sans compliments, que j’ai l’honneur d’être, etc.


5841. — À M.  MOULTOU[2].
À Genève, 9 décembre.

Mon cher philosophe, tâchez de venir quelque jour dîner ou souper avec nous : j’ai des choses très-importantes à vous communiquer, et qui vous feront plaisir. Vous pourrez rapporter en même temps le gros manuscrit qu’on vous a prêté. Il est extrêmement édifiant. Mais j’ai des nouvelles à vous dire qui vous plairont davantage. Je vous embrasse sans cérémonie ; je vous aime trop pour vous faire des compliments.


5842. — À M.  LE COMTE DARGENTAL.
10 décembre.

Je vous écrivis, le samedi 8, par M. l’abbé Arnaud. De nouvelles provisions pour les emplois comiques étaient dans ma lettre. Je soupçonne violemment monsieur l’abbé d’avoir égaré les premières. Il doit être si occupé de ses deux gazettes[3], et si entouré de paperasses, qu’on peut sans injustice le soupçonner d’égarer des paquets. Il a négligé deux paquets qu’on lui avait adressés pour moi. Je vous supplie de lui redemander non-seulement la lettre du 8 décembre, mais celle de novembre, qu’il pourra retrouver.

Vous savez sans doute que vous avez perdu l’abbé de Condillac[4], mort de la petite vérole naturelle et des médecins de

  1. Rotrou, L’Estoile, Colletet, Boisrobert.
  2. Éditeurs, Bavoux et François. — C’est à tort que les éditeurs ont classé ce billet à l’année 1763 ; il est de 1764. Voyez plus loin la lettre à d’Argental du 12 janvier 1765.
  3. La Gazette littéraire et la Gazette de France.
  4. La nouvelle était fausse. Condillac n’est mort qu’en 1780.