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Les noms nuisent à la cause, ils réveillent le préjugé. Il n’y a que le nom de Jean Meslier qui puisse faire du bien, parce que le repentir d’un bon prêtre, à l’article de la mort, doit faire une grande impression. Ce Meslier devrait être entre les mains de tout le monde.

Nous avons converti depuis peu un grand seigneur attaché à monsieur le dauphin : c’est un grand coup pour la bonne cause. Il y a dans la province des gens zélés qui commencent à combattre avec succès.

J’aurais bien voulu que des Cahusac, des Desmahis[1], n’eussent pas travaillé à l’Encyclopédie ; qu’on se fût associé de vrais savants, et non pas de petits freluquets ; et qu’on n’eût pas eu la malheureuse complaisance d’insérer, à côté des articles des Diderot et des d’Alembert, je ne sais quelles puériles déclamations qui déshonorent un si bel ouvrage.

Je suis si attaché à cette belle entreprise que je voudrais que tout en fût parfait ; mais le bon y domine à tel point qu’elle fera l’honneur de la nation, et qu’assurément on doit à M. Diderot des récompenses.

On dit qu’on a donné des lettres de noblesse et une grosse pension au sieur Outrequin[2], pour avoir arrosé le boulevard. Si je travaillais à l’Encyclopédie, je dirais, à l’article Pension : M. Outrequin en a reçu une très-forte, et M. Diderot a été persécuté.

Bonsoir, belle âme, qui gémissez comme moi sur le sort de la philosophie. Écr. l’inf…


5783. — À M. LE CLERC DE MONTMERCY.
8 octobre.

L’amitié d’un philosophe comme vous, monsieur, peut consoler de toutes les sottises qu’on fait et qu’on dit chez les Welches. Je ne connaissais point ce M. Robinet[3], et je ne savais pas qu’il fût l’auteur du Traité de la Nature[4]. Il me semble que c’est un ouvrage de métaphysique, et je suis bien étonné qu’un philosophe

  1. Voyez tome XXVI, page 513.
  2. Voltaire lui a donné des lettres d’immortalité en le nommant dans un vers du Pauvre Diable ; voyez tome X.
  3. J.-B. Robinet, né à Rennes en 1735, mort dans la même ville le 24 mars 1820, ne publia qu’un volume de lettres de Voltaire à la fin de 1764, sous le titre de Lettres secrètes (voyez tome XXVI, page 135) : il en publia un second, sous un autre titre, en 1766 (voyez tome XXV, page 579.
  4. Voyez la note, tome XLI, pag-e 547.