Les noms nuisent à la cause, ils réveillent le préjugé. Il n’y a que le nom de Jean Meslier qui puisse faire du bien, parce que le repentir d’un bon prêtre, à l’article de la mort, doit faire une grande impression. Ce Meslier devrait être entre les mains de tout le monde.
Nous avons converti depuis peu un grand seigneur attaché à monsieur le dauphin : c’est un grand coup pour la bonne cause. Il y a dans la province des gens zélés qui commencent à combattre avec succès.
J’aurais bien voulu que des Cahusac, des Desmahis[1], n’eussent pas travaillé à l’Encyclopédie ; qu’on se fût associé de vrais savants, et non pas de petits freluquets ; et qu’on n’eût pas eu la malheureuse complaisance d’insérer, à côté des articles des Diderot et des d’Alembert, je ne sais quelles puériles déclamations qui déshonorent un si bel ouvrage.
Je suis si attaché à cette belle entreprise que je voudrais que tout en fût parfait ; mais le bon y domine à tel point qu’elle fera l’honneur de la nation, et qu’assurément on doit à M. Diderot des récompenses.
On dit qu’on a donné des lettres de noblesse et une grosse pension au sieur Outrequin[2], pour avoir arrosé le boulevard. Si je travaillais à l’Encyclopédie, je dirais, à l’article Pension : M. Outrequin en a reçu une très-forte, et M. Diderot a été persécuté.
Bonsoir, belle âme, qui gémissez comme moi sur le sort de la philosophie. Écr. l’inf…
L’amitié d’un philosophe comme vous, monsieur, peut consoler de toutes les sottises qu’on fait et qu’on dit chez les Welches. Je ne connaissais point ce M. Robinet[3], et je ne savais pas qu’il fût l’auteur du Traité de la Nature[4]. Il me semble que c’est un ouvrage de métaphysique, et je suis bien étonné qu’un philosophe
- ↑ Voyez tome XXVI, page 513.
- ↑ Voltaire lui a donné des lettres d’immortalité en le nommant dans un vers du Pauvre Diable ; voyez tome X.
- ↑ J.-B. Robinet, né à Rennes en 1735, mort dans la même ville le 24 mars 1820, ne publia qu’un volume de lettres de Voltaire à la fin de 1764, sous le titre de Lettres secrètes (voyez tome XXVI, page 135) : il en publia un second, sous un autre titre, en 1766 (voyez tome XXV, page 579.
- ↑ Voyez la note, tome XLI, pag-e 547.