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sera courte, et qu’on tâchera de rendre plaisante[1]. Tout ce qui est à craindre, c’est que le public ne soit las de se moquer des sieurs Lefranc de Pompignan.

Heureux nos frères que leurs ennemis soient si ennuyeux !

Je vous demande en grâce de vouloir bien envoyer le paquet ci-joint à son adresse.

Frère Protagoras se contente de rire de l’infâme, il ne l’écrase pas, et il faut l’écraser.

Écr. l’inf…, vous dis-je.


5443. — À M. LE CONSEILLER LE BAULT[2].
Au château de Ferney, 1er novembre 1763.

Monsieur, il y a environ six semaines que j’eus l’honneur de vous écrire par le plus jeune de vos confrères, que j’appelais l’Adonis du parlement. Je vous demandais un tonneau de votre meilleur vin ; mais permettez qu’aujourd’hui j’aie l’honneur de vous parler d’une affaire plus essentielle ; ayez la bonté de préparer votre patience.

Lorsque Henri IV, de divine mémoire, acquit le pays de Gex, il s’engagea par le traité à maintenir tous les droits des seigneurs, toutes les aliénations de dîmes, et d’autres possessions faites en leur faveur. Il ratifia les anciens traités qui stipulaient ces droits. Louis XIV les confirma solennellement par le traité d’Arau en 1658, et Louis XV les a toujours maintenus quand on les a réclamés en son conseil.

Je me suis trouvé dans ce cas en achetant la terre de Ferney. MM. de Budé, qui me l’ont vendue, soutenaient au conseil du roi leurs droits, et particulièrement celui des dîmes, que le curé revendiquait.

Le roi a fait écrire en dernier lieu, par M. le duc de Praslin, à monsieur le premier président que son intention était que les traités subsistassent dans toute leur force ; que les seigneurs du pays de Gex ne fussent inquiétés dans aucun de leurs droits, attendu que ces droits intéressent la Savoie, Berne et Genève,

M. le duc de Praslin prie au nom du roi monsieur le premier président d’empêcher qu’il soit fait aucune procédure au sujet des dîmes contre les seigneurs qui en sont en possession. M. le

  1. Voltaire fit en effet une Instruction pastorale de l’humble évêque d’Alétopolis ; voyez tome XXV, page 1.
  2. Éditeur, de Mandat-Grancey.