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5439. — À M. DAMILAVILLE.
17 octobre.

Mon cher frère, vous savez que je m’adresse à vous pour le spirituel et pour le temporel. Voici une lettre[1] pour M. Mariette, qui regarde l’un et l’autre : je vous supplie de lire le paquet : vous y verrez qu’on ne laisse pas de trouver dans ce siècle-ci de la protection contre la sainte Église, mais qu’il y a toujours de grandes précautions à prendre contre elle, malgré cette protection même.

Plusieurs personnes me parlent du Mandement[2] du sieur évêque du Puy, frère du célèbre Pompignan : voudriez-vous bien avoir la bonté de me le faire venir ? Il faut bien lire quelque chose d’édifiant. Saurin a-t-il fait imprimer sa tragédie[3] ?

Buvez à ma santé, je vous prie, avec frère Thieriot, et ne m’oubliez pas auprès des autres frères ; mais surtout conservez-moi une amitié qui me console de n’être pas à portée de m’entretenir avec vous. Ècr. l’inf…


5440. — À M. LE MARQUIS DE CHAUVELIN.
À Ferney, 18 octobre.

Je présume que Votre Excellence a déjà fait l’acquisition d’un nouvel enfant, que madame l’ambassadrice se porte à merveille, et que vous n’êtes occupé que de vos ouvrages, qui en vérité valent mieux que les miens.

Dès que vous aurez du loisir, j’enverrai donc à Votre Excellence ce qu’elle croit que je lui dois depuis le mois d’avril ; mais je vous avertis, monsieur, que ce n’est que de la prose[4] ; et voici de quoi il est question.

Lorsque la veuve Calas présenta sa requête au conseil, l’horreur que tout le monde témoigna contre le parlement de Toulouse fit croire à plusieurs personnes que c’était le temps d’écrire quelque chose d’approfondi et de raisonné sur la tolérance. Une boune âme se chargea de cette entreprise délicate, mais elle ne voulut point publier son écrit, de peur qu’on n’imaginât que

  1. Elle est perdue.
  2. Intitulé Instruction pastorale ; voyez la note, tome XXV, page I.
  3. Blanche et Guiscard, tragédie de Saurin, représentée le 29 septembre 1763.
  4. C’est le Traité de la Tolérance ; voyez tome XXV, page 13.