Calas ne serait pas arrivée. Je suis obligé de parler ici à Votre Éminence d’un archevêque de votre voisinage qui a fait un étrange mandement. Il m’y a fourré très-indécemment : c’est M. d’Auch[1]. Il prenait bien son temps ! tandis que je faisais mille plaisirs à son neveu, qui est un gentilhomme de mon voisinage. On dit que c’est un Patouillet, jésuite, qui est l’auteur de ce mandement brûlé à Toulouse. Il faut que ce Patouillet soit un fanatique bien mal instruit. Il ne savait pas que j’avais recueilli deux jésuites, dont l’un est mon aumônier[2], et l’autre demeure dans un de mes petits domaines. Le temps où nous vivons, monseigneur, demande des hommes de votre caractère et de votre esprit à la tête des grands diocèses. Comme je ne suis qu’un profane, je n’en dirai pas davantage, et je vous demande votre bénédiction.
Je voudrais bien que vous pussiez lire la Tolérance : je crois que vous y trouveriez quelques-uns de vos principes. L’ouvrage est un peu rabbinique, mais il vous amuserait.
J’aurai l’honneur décrire à Votre Éminence quand elle sera tranquille au pays des Albigeois, et débarrassée de la grosse besogne.
Je la supplie de me conserver ses bontés, et d’agréer mon tendre respect.
Votre commerce à tâtons devient vif, madame. Votre grand’tante faisait très-bien de prendre le temps comme il vient, et les hommes comme ils sont ; mais quand le temps est mauvais, il faut un abri, et quand les hommes sont ou méchants ou prévenus, il faut ou les fuir ou les détromper : c’est le cas où je me trouve.
Vous ne vous attendiez pas à être chargée d’une négociation, madame. C’est ici où le quinze-vingt des Alpes a besoin des bontés de la très-judicieuse quinze-vingt de Saint-Joseph.
Rousseau, dont vous me parlez, m’écrivit, il y a trois ans, ces propres mots[3], de Montmorency : « Je ne vous aime point. Vous donnez chez vous des spectacles ; vous corrompez les mœurs de
- ↑ Voyez tome XXV, page 469.
- ↑ Le Père Adam.
- ↑ Voyez le texte même de J.-J. Rousseau, tome XL, page 423.