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de connaissance qu’il avait du monde et de ses usages ; mais c’est la manière dont il tourne et retourne la même pensée, qui est bien contraire au génie, et qui est presque toujours la marque d’un petit esprit. Vous devriez bien m’envoyer toutes les choses que vous faites, je ne les ai jamais qu’après tout le monde.

Vous savez toutes nos nouvelles. La mort de M. de Luxembourg[1] m’a fort occupée ; Mme de Luxembourg est très-affligée. Je serais bien aise de lui pouvoir montrer quelque ligne de vous qui lui marquât l’intérêt que vous prenez à sa situation et que vous partagez mes regrets ; persuadez-vous que vous êtes destiné à me donner de la considération, à me marquer de l’amitié et à adoucir mes peines. Pour moi, je sens, monsieur, que de toute éternité je devais naître pour vous révérer et pour vous aimer.

M. le cardinal de Bernis a l’archevêché d’Alby. Le curé de Saint-Sulpice a donné sa démission, moyennant quinze mille livres de rente ; c’est un M. Noguet, son vicaire, qui le remplace[2].


5662. — À M. RIBOTTE[3],
à montauban.
1er juin 1764.

Le correspondant très-malingre, et par conséquent très-négligent, remercie le correspondant diligent de tout ce qu’il a bien voulu lui communiquer. S’il veut avoir quelque nouvel exemplaire des petites brochures curieuses qu’on lui envoya l’année passée, il n’a qu’à donner une adresse, et il sera satisfait. Il est prié instamment de mander s’il est vrai que le parlement de Toulouse ait condamné l’archevêque d’Auch à une amende pour son mandement en faveur des jésuites. On jugera les Calas dans quelques jours. Les deux frères Calas commencent à faire une petite fortune dans ce pays-ci ; malheur est bon à quelque chose.

Le correspondant fait des compliments bien sincères au correspondant.


5663. — À M. DAMILAVILLE.
1er juin.

Vraiment, mon cher frère, vous avez bon nez de ne point divulguer la petite correction fraternelle que le neveu de M. Éra-

  1. Le maréchal duc de Luxembourg, époux de la maréchale de Luxembourg, dont il est si souvent parlé dans les lettres de Mme du Deffant.
  2. Cet arrangement n’a pas eu lieu.
  3. Bulletin de la Société de l’histoire du Protestantisme français ; Paris, 1856, page 244.