d’Italie et d’Espagne. Je tire de mon cerveau ce que je peux, mais ce cerveau est bientôt desséché, il n’y a que le cœur d’inépuisable.
Comptez, mon cher frère, que les vrais gens de lettres, les vrais philosophes, doivent regretter Mme de Pompadour[1]. Elle pensait comme il faut ; personne ne le sait mieux que moi. On a fait, en vérité, une grande perte.
J’ai lu la Vie du chancelier de L’Hospital[2] ; c’est l’ouvrage d’un jeune homme, mais d’un jeune homme philosophe. Ce chancelier l’était, et je ne crois pas que notre d’Aguesseau doive lui être comparé. Il y a des discours de L’Hospital aux parlements dont ils ne seront pas trop contents. On ne parlerait pas aujourd’hui sur un pareil ton.
Il y a des fanatiques partout. Ceux qui ne savent pas distinguer les beautés de Corneille d’avec ses défauts ne méritent pas qu’on les éclaire ; et ceux qui sont de mauvaise foi ne méritent pas qu’on leur réponde. Si je suis obligé de dire un mot[3] ce ne sera qu’en faveur de la liberté de penser, et ce qui me paraît la vérité.
Je suis trop heureux, je vous le répète, que la philosophie et les lettres m’aient procuré un ami tel que vous.
Je crois, monseigneur, que vous avez fait une véritable perte. Mme de Pompadour était sincèrement votre amie ; et, s’il m’est permis d’aller plus loin, je crois, du fond de ma retraite allobroge, que le roi éprouve une grande privation ; il était aimé pour lui-même par une âme née sincère, qui avait de la justesse dans l’esprit, et de la justice dans le cœur : cela ne se rencontre pas tous les jours. Peut-être cet événement vous rendra encore plus philosophe ; peut-être en aimerez-vous encore mieux les