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cette abominable aventure semble être du temps de la Saint-Barthélemy, ou se celui des Albigeois. La raison a beau élever son trône parmi nous, le fanatisme dresse encore ses échafauds, et il faut bien du temps pour que la philosophie triomphe entièrement de ce monstre.

J’ai encore a remercier Votre Altesse sérénissime d’avoir donné la préférence aux acteurs français sur les châtrés italiens. Je n’ai jamais pu m’accoutumer a voir les rôles de César et d’Alexandre fredonnés en fausset par un chapon. Vous avez bien raison de faire plus de cas de votre cœur et de votre esprit que de vos oreilles. Que n’ai-je de la santé et de la jeunesse ! j’irais a Cassel, et n’irais pas plus loin. Agréez le profond respect, etc.


5574. — À M.  L’ABBÉ IBRAILH[1].
Au château de Ferney, 24 février.

J’attendais, monsieur, pour vous remercier de votre livre[2], que je l’eusse reçu et lu ; on ne me l’a remis que depuis trois jours. Il est heureusement arrivé par la diligence de Lyon, a l’adresse de M. Camp-Berugnier[3].

J’étais impatient de m’instruire dans cet ouvrage. Je vois que vous y avez habilement développé des faits importants. Il était en effet essentiel d’approfondir les droits de la Bretagne.

C’est une matière un peu délicate que la discussion des privilèges d’une province. Vous avez rempli cet objet a la satisfaction de vos lecteurs. Les liseurs de brochures n’en sentiront peut-être pas tout le mérite ; mais votre ouvrage intéressera toujours les vrais amateurs de l’histoire.

J’ai l’honneur d’être, avec toute l’estime qui vous est due, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


5575. — À M.  DAMILAVILLE.
26 février.

Ce n’est pas assurément un ministre d’État qui a écrit les Lettres historiques sur les fonctions essentielles du parlement[4]. J’ai

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. L’Histoire de la réunion de la Bretagne à la France. L’abbé. Irailh, prieur-curé de Saint-Vincent, dans le Diocièse de Cahors, avait déjà publié en 1764, les Querelles littéraires depuis Homère jusqu’à nos jours. Il est aussi l’auteur d’un drame en cinq actes, Henri IV et la Marquise de Verneuil. Il est mort en 1794.
  3. Banquier, à Lyon.
  4. Voyez la note 5, page 111.