il joue très-bien aux échecs, dit la messe fort proprement : enfin c’est un jésuite[1] dont un philosophe s’accommoderait. Pourquoi faut-il que nous soyons si loin l’un de l’autre, en demeurant sur le même fleuve !
Je suis bien aise que messieurs d’Avignon sachent que c’est moi qui leur envoie le Rhône ; il sort du lac de Genève, sous mes fenêtres, aux Délices. Il ne tient qu’à vous de venir voir sa source ; vous combleriez de plaisir votre vieux serviteur, qui ne peut vous écrire de sa main, mais qui vous sera toujours tendrement attaché.
Si Pygmalion la forma,
Si le ciel anima son être,
L’amour fit plus, il l’enflamma.
Sans lui que servirait de naitre ?
Si mes anges trouvent ces versiculets supportables, à la bonne heure, sinon au rebut. J’aurai du moins eu le mérite de leur avoir obéi sur-le-champ, et c’est un mérite que j’aurai toujours.
Mes anges me donnent de très-bonnes raisons d’avoir mis Lekain de la conspiration ; ils ont très-bien fait, je les applaudis ; je leur ai toujours dit : « Votre volonté soit faite ; » mais je joins l’approbation à la résignation.
Je répète à mes anges que la nation a enfin trouvé son vrai génie, sa vraie gloire, qui est l’opéra-comique. On me mande pourtant qu’il y a de très-belles choses dans Idoménée. car je suis encore assez bon Français pour aimer le tripot de Melpomène.
Je joins ici la liste des tripotiers, que mes anges me demandent ; j’y joins aussi un petit extrait pour la Gazette litérraire, dont j’envoie le double à M. Arnaud ; je l’ai cru digne de votre curiosité. Tout Ferney (au curé près) remercie mes anges et M. le duc de Praslin. Bien est-il vrai que M. le duc de Praslin m’a fait tenir hier un petit paquet de je ne sais où, et qui contient les Sermons dont j’envoie l’extrait ; mais pour le gros paquet délivré à M. le comte de Guercliy par Paul Vaillant, shérif de Londres, je n’en ai point de nouvelle ; et tout ce que je peux
- ↑ Le Père Adam ; voyez tome XXVII, page 408.