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4860. — À MADAME DE FONTAINE.
Ferney, 19 mars.

Ma chère nièce, je n’ai qu’un moment pour vous dire combien je vous approuve et je vous félicite. Il n’y a rien de si doux ni de si sage que d’épouser son ami intime. Vos arrangements, dont vous voulez bien me faire part, me paraissent très-convenables pour toutes les parties intéressées ; Hornoy y gagnera, votre château s’embellira, la vie y sera plus animée : tout le mal est dans cette horrible distance de votre château au mien.

Je vous prierai de m’instruire du jour de votre départ ; il faut qu’un oncle s’arrange pour un petit présent de noces. Je voudrais bien être de la cérémonie, et signer au contrat. Je vais annoncer dans l’instant cette nouvelle à Mme Denis, qui répète actuellement son rôle de Statira, et qui le jouera bientôt sur un théâtre mieux entendu, mieux orné, mieux éclairé que celui de Paris.

Je suis très-fâché de ne vous pas marier dans mon église, en présence du grand Jésus, doré comme un calice, qui a l’air d’un empereur romain, et à qui j’ai ôté sa physionomie niaise. Nous vous donnerions vraiment une belle fête, car nous sommes en train, et la tête m’en tourne.

Mme Denis arrive : elle pense comme moi. Nous vous embrassons tendrement, vous et le grand écuyer de Cyrus[1] devenu mon neveu.


4861. — À M. LE MARQUIS DE FLORIAN[2].
19 mars.

Le grand écuyer de Cyrus va donc devenir Picard. J’en fais mon compliment à ma nièce ; je vous en remercie, et je m’en félicite. Tout mon chagrin, monsieur, est que la noce ne se fasse pas chez moi. Vous auriez la comédie et l’opéra-comique : car nous jouons tout cela. Je ferais votre épithalame. Tout ce que je peux faire à présent, c’est de m’enorgueillir de me trouver votre oncle, et de vous dire combien cet oncle vous aime et vous aimera toujours.

Vivez heureux, neveu et nièce.

  1. Le marquis de Florian.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.