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Je l’ai déjà supplié de me faire tenir le Radoteur ou le Radotage[1] ; on dit que c’est un bon ouvrage, qui a été fait sous les yeux de monsieur le contrôleur général. Je vous avoue que je crois que les ministres en savent toujours plus que moi ; je pourrais leur dire seulement ce que Despréaux disait au roi : « Sire, je me connais mieux en vers que Votre Majesté. »

J’ai demandé aussi à frère Thieriot[2] la lettre de Jean-Jacques[3], qui a fait, dit-on, quelque bruit à Paris.

Est-ce que mon frère connaît le conseiller Nigon ? C’est une chose bien extraordinaire qu’un Savoyard[4] sans éducation ait si bien ramoné la cheminée des cagots.

Il me paraît que M. de Forbonnais avait fait autrefois un fort bon livre de finance ; mais, comme dit François : Magis magnos clericos non sunt magis magnos sapientes[5].

Le présomptueux[6], l’ambitieux, mauvais sujets de comédie. Écr. l’inf…


5369. — À MADAME LA COMTESSE D’ARGENTAL.
13 auguste.

L’un des anges, je reçois la lettre dont vous m’honorez, du 4 d’auguste. Je vous envoie, pour vous amuser, un premier acte un peu plus poli que n’était l’autre, plus dialogué et plus convenable. Il y a, dans tous les actes, des morceaux que j’ai fortifiés ; mais à présent que j’ai un maudit procès pour mes dîmes, et que je fais des écritures, je ne peux guère faire d’écrits. J’ai eu douze jours de bon, je les ai employés à brocher un drame ; cela est bien honnête. Avouez, madame, qu’il sera bien plaisant d’être sous le masque ; donnez-vous ce plaisir-là, je vous prie.

J’ai peur que M. le duc de Praslin n’aime pas mon impératrice de Russie, j’ai peur qu’on ne la dégote ; il ne me restait plus que cette tête couronnée ; il m’en faut une absolument.

  1. Entendons-nous, ou Radotage d’un vieux notaire sur la richesse de l’état, 1763, in-8o de 32 pages. L’auteur est J.-N. Moreau (voyez tome XXXIX, page 352). La lettre où Voltaire avait déjà demandé cet opuscule manque.
  2. La lettre à Thieriot est perdue.
  3. Voyez la note 2, page 536.
  4. Voyez la lettre 5335.
  5. Voyez la note, tome XXXIX, page 406.
  6. La Présomption à la mode, comédie de Cailhava, jouée le 1er août 1763, était tombée.