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génies, et de mauvais cœurs : n’en parlons plus. Vous ne pouvez vous venger qu’en rendant odieuses et méprisables les armes dont on s’est servi contre vous.

Vous devriez faire un voyage, et passer chez votre frère, qui vous embrasse. Par quelle horrible fatalité les frères sont-ils dispersés, et les méchants réunis ? Il y a un Omer qui mérite qu’on lui arrache la langue dont il se sert pour prononcer tant de bêtises ; mais les philosophes sont cléments.


5345. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[1].
26 juillet.

Mes anges sauront qu’indépendamment des vers raboteux dont la tragédie des coupe-jarrets[2] fourmille, il y en a aussi d’assez incorrects qui ont échappé à la rapidité du mauvais style, comme par exemple au troisième acte, à la première scène, il y a : « Ces fers qui ont approché du grand Pompée, » et autres sottises pareilles qu’on corrigera à la main avec les autres, quand mes divins anges me renverront mon horreur.

Je supplie mes anges de vouloir bien que j’adresse ce paquet sous leurs ailes à frère Damilaville. Je leur demande bien pardon d’une lettre si courte ; mais je n’ai pas autant de loisir qu’on croirait.


5346. — À M. DAMILAVILLE.
26 juillet.

Il y a longtemps que je n’ai eu des nouvelles de mon frère ; pour Thieriot, je ne sais ce qu’il est devenu. Tâchez, mon cher frère, de faire parvenir ce paquet[3] au fidèle Helvétius. Ne pourrait-on pas trouver quelque Merlin, ou quelque bon diable dans ce goût, qui gagnerait quelque argent à distribuer le pain aux fidèles ? Et comme il faut que les bonnes œuvres soient ignorées, on pourrait lui envoyer les paquets, sans qu’il sût quelle main charitable les lui donne. J’avais fait prier Merlin de m’envoyer des livres dont j’avais besoin, et il n’en a tenu compte.

Comment se porte mon frère ?

  1. Editeurs, de Cayrol et François.
  2. Le Triumvirat.
  3. La lettre 5344.