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5322. — À. M. DAMILAVILLE.
19 juin.

Quelqu’un ayant dit que l’extinction des jésuites rendrait la France heureuse, quelqu’un ayant répondu que pour compléter son bonheur il fallait se défaire des jansénistes, quelqu’un se mit à dire ce qui suit :


Les renards et les loups furent longtemps en guerre :
Les moutons respiraient ; des bergers diligents
Ont chassé par arrêt les renards de nos champs :
Ont chassLes loups vont désoler la terre.
Ont chassNos bergers semblent, entre nous,
Ont chassUn peu d’accord avec les loups.


Je vous demande pardon, mon cher frère, de vous avoir demandé si on payait cette année le troisième vingtième ; j’ai su qu’on le payait, et je trouve cela très-juste, car il faut acquitter les dettes de l’État. Tout bon citoyen doit penser ainsi.

Que fait frère Thieriot ? Vous verrai-je ? Écrasez l’infâme.

Vous noterez qu’Omer a gardé Mme de Lauraguais pendant sa petite vérole, quoiqu’il ne la gardât pas par état, et qu’il a fait des vers dignes de sa prose en faveur de l’inoculation. Je les aurai, ces beaux vers, et nous rirons, mes frères.


5323. — À M. LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU.
À Ferney, le 22 juin.

Si je pouvais rire, monseigneur le grand médecin, ce serait de voir maître Omer de Fleury usurper vos droits, et se mêler de l’inoculation en plein parlement, sans vous avoir consulté. Cet ennemi de l’inoculation a pourtant gardé Mme de Forcalquier, et fait des vers pour Tronchin, non pas le fermier général, mais Tronchin l’inoculateur. Vous me direz que ces vers valent sans doute sa prose ; et vous aurez raison. Mais avouez qu’il est plaisant de voir le parlement donner un arrêt contre la petite vérole. Il est bien clair que la Faculté de médecine sera contre l’inoculation, et que la sacrée faculté sera de l’avis de l’autre. Tout le monde viendra se faire inoculer à Genève ; il faudra agrandir la ville.

Je crois que Mme la comtesse d’Egmont a eu la petite vérole ; c’est bien dommage ; sans cela nous l’inoculerions, et nous lui