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des postes, et maître absolu de tous les imprimés qu’on envoie ; ou qu’on ne me dépêche le paquet par la diligence de Lyon, à l’adresse de M. Camp, banquier à Lyon. Il y a, depuis peu, une petite inquisition sur les livres ; on coupe les vivres à nos pauvres âmes tant que l’on peut. Je crois que nous en avons l’obligaion à la lettre que M. Jean-Jacques Rousseau s’est avisé d’écrire à Christophe de Beaumont.

Je ne suis point du tout étonné, monsieur, que le pédant, lourd, crasseux et vain[1], soit fâché qu’un homme qui n’a pas l’honneur d’être pédant de l’Université lui enseigne son métier. Vous avez chassé les jésuites, et vous avez bien fait, messieurs ; je vous en loue, je vous en remercie ; mais il vous faudra un jour réprimer les bacheliers en fourrure, ainsi que les gens en bonnets à trois cornes. La Fontaine a raison de dire :


Je ne connais de bête pire au monde
Que l’écolier, si ce n’est le pédant.

(Fab. v, liv. IX.)

Dès que j’aurai votre excellent ouvrage, je le proposerai à un libraire, et j’aurai l’honneur de vous en donner avis.

Permettez-moi, monsieur, de vous dire que le sénat de Suède est un conseil de régence perpétuel. Vous savez mieux que moi que chaque gouvernement a sa forme différente, et que rien ne se ressemble dans ce monde. Je suis partisan de l’autorité des parlements, et j’aimerais passionnément celui de Paris si vous en étiez le procureur général. Je voudrais surtout qu’il fût un peu plus philosophe ; il ne l’est point du tout, et cela me fâche. Mais vous me consolez autant que vous m’instruisez. Dieu nous donne bien des magistrats comme vous, afin que nous puissions nous flatter d’égaler les Anglais en quelque chose !

Agréez, monsieur, le très-sincère respect d’un pauvre homme près de perdre les yeux, et qui veut les conserver pour vous lire.


5310. — À M. DEBRUS[2].

Le conseil de Mme Calas jugera sans doute que l’ordre a été donné par le roi au parlement de Toulouse d’envoyer au roi la copie des procédures, et non pas de les envoyer à la veuve : donc

  1. Crevier ; voyez tome X, la satire intitulée les Chevaux et les Ânes.
  2. Éditeur, A Coquerel.