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et auxquels les auteurs que vous employez à Paris donneront le tour et le ton convenables.

Si ma santé ne me permet pas d’examiner tous les livres et de dicter tous les extraits, vous pourriez me permettre d’associer à cet ouvrage quelque savant laborieux dont je reverrai la besogne ; vous sentez bien qu’il faudrait payer ce savant, car il serait Suisse.

J’ajoute encore qu’il faudrait, pour être servi promptement, et pour que l’ouvrage ne fût point interrompu, faire venir les livres par la poste : en ce cas, je crois qu’on pourrait écrire de votre part aux directeurs des postes de Strasbourg, de Lyon, et de Genève, qui me feraient tenir les paquets. En un mot, je suis à vos ordres ; je serai enchanté d’employer les derniers jours de ma vie, un peu languissante, à vous prouver mon tendre attachement et mon respect.


5294. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
Aux Délices, 23 mai.

Il faut que je vous dise, mes chers anges, que j’ai de la peine à croire que les observations succinctes soient du président de M***[1], qui m’avait autrefois paru modéré et philosophe. Je vous avoue que ces observations sont un monument rare de l’esprit de parti, qui attache de l’importance à de bien petites choses. Mais les préjugés des autres ne servent qu’à me faire aimer davantage votre raison, et tout augmente la reconnaissance que je vous dois.

L’idée de la Gazette littéraire me fait bien du plaisir, d’autant plus que je me doute que vous la protégez.

Dites-moi, je vous en prie, mes anges, qui sont ces abbés Arnaud et Suard[2] ; ce sont apparemment gens de mérite, puisqu’ils sont encouragés par M. le duc de Praslin. Il me semble qu’on pourrait se servir de cet établissement pour ruiner l’empire de l’illustre Fréron.

J’ai déjà envoyé à M. le duc de Praslin trois cahiers de no-

  1. Cette initiale doit désigner le président de Meiniéres ; voyez pages 467, 475 et 480.
  2. Suard (J.-B.-A.), né à Besançon en 1734, mort en 1817, secrétaire perpétuel de l’Académie française, avait épousé la sœur du libraire Panckoucke, et n’était point abbé. L’abbé Arnaud, son collaborateur au Journal étranger et à la Gazette littéraire (voyez tome XXV, page 151), est mort en 1784.