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Je suis bien aise que notre ami Pompignan inspire la joie à sa famille. Mes respects, je vous prie, à sa belle-sœur, qui ne rit point par oubli. Où demeurez-vous ? que faites-vous ? Aimez-moi toujours.

Je suis toujours un peu quinze-vingts.


5263. — À M. DE VÉGOBRE[1],
avocat à genève.
Aux Délices, 4 avril 1763.

Mon ami Pierre rendra compte à. M. de Végobre des sentiments de la respectueuse estime que je lui ai vouée.

Le mot de tolérance dans la bouche d’un ministre d’État et dans la circonstance présente est un grand mot ; j’ose me flatter qu’avant qu’il soit un an on y fera un beau commentaire, mais il faut que dans certains quartiers méridionaux on recommande la plus grande circonspection. Trois ministres d’État pensent d’une manière également favorable ; nous n’en avons qu’un contre nous, et on le fléchira.

À l’égard des Lettres toulousaines, ce livre ne sera jamais lu à Paris, parce que l’affaire des Calas, qui tient la moitié du livre, est assez connue, et qu’on ne se soucie pas du tout du reste.

Il n’y aura rien ni à craindre ni à espérer de ce livre, et pourvu qu’il ne paraisse qu’après l’envoi des procédures de Toulouse, il n’y aura rien du tout à craindre.


5264. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
Aux Délices, 9 avril.

Mes anges, déployez vos ailes et couvrez-moi. Les frères Cramer se sont avisés de mettre mon nom en gros caractères à la tête de cet Essai sur l’Histoire générale[2], où je peins le genre humain assez en laid pour le rendre ressemblant. Ils m’avaient toujours promis de supprimer mon nom. Messieurs[3] peuvent très-bien brûler mon livre comme un mandement d’évêque ; mais j’ai toujours dit aux Cramer que je voulais être brûlé anonyme.

  1. Dernier Volume des Œuvres de Voltaire, 1862.
  2. Les Cramer refirent les titres ; l’exemplaire que je possède de l’édition de 1761-1763 ne porte pas le nom de Voltaire. (B.)
  3. Titre donné aux conseillers au parlement.