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C’est aujourd’hui[1] que tout le conseil d’État décide entre les Calas et les huit juges toulousains. La décision n’est pas douteuse.

Mille tendres respects.

Je n’ai pas reçu la lettre à frère Le Tellier.


5182. — À M. DAMILAVILLE.
Février.

Mais, mon Dieu, pourquoi un libraire est-il assez imbécile pour avoir son magasin chez lui ? Il était si aisé de dérober une petite brochure[2] aux yeux des infidèles et des fripons !

Voici pour amuser nos frères. Si cela n’est pas bon, du moins cela est gai. Je présume qu’on en donnera à frère d’Alembert. L’hymne est assez plaisant à chanter avec des accompagnements[3].

J’ai actuellement une bibliothèque sur l’abolition de la Société de Jésus. Avant-hier il y avait deux jésuites[4] chez moi avec une nombreuse compagnie ; nous jouâmes une parade, et la voici : j’étais monsieur le premier président, j’interrogeai mes deux moines ; je leur dis : « Renoncez-vous à tous les privilèges, à toutes les bulles, à toutes les opinions, ou ridicules ou dangereuses, que les lois de l’État réprouvent ? Jurez-vous de ne jamais obéir à votre général ni au pape, quand cette obéissance sera contraire aux intérêts et aux ordres du roi ? Jurez-vous que vous êtes citoyens avant d’être jésuites ? Jurez-vous sans restriction mentale ? » À tout cela ils répondirent : « Oui. » Et je prononçai : « La cour vous donne acte de votre innocence présente, et, faisant droit sur vos délits passés et futurs, vous condamne à être lapidés sur le tombeau d’Arnauld avec les pierres de Port-Royal, »

Je salue tous les frères : cependant écr. l’inf…

  1. Le conseil déclara la requête admissible le 1er mars, et jugea le 7, tandis que cette lettre porte la date de janvier, qui du reste nous semble erronée. La lettre nous paraît être de février, et Voltaire aura été désappointé par un de ces délais fréquents dans tout procès, et particulièrement dans celui-ci. (Note du premier éditeur.)
  2. Ces réflexions sont peut-être à l’occasion d’une édition du Sermon des cinquante ; voyez tome XXIV, page 437.
  3. Hymne chanté au village de Pompignan ; voyez tome X.
  4. Sans doute non compris le Père Adam, car il est question de trois dans la lettre à d’Argental du 25 février.