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une partie de souper. Je garderai chez moi futur et future ; je serai patriarche, si vous nous approuvez. Mes bons anges, vous savez qu’il faut, je ne sais comment, le consentement des père et mère Corneille. Seriez-vous assez adorables pour les envoyer chercher, et leur faire signer : « Nous consentons au mariage de Marie avec M. Dupuits[1] cornette dans la Colonelle-Générale ; » et tout est dit.

Que dira M. le duc de Praslin de cette négociation si promptement entamée et conclue ? Il m’a donné de l’ardeur. Je pense qu’il conviendrait que Sa Majesté permît qu’on mît dans le contrat qu’elle donne huit mille livres à Marie, en forme de dot, et pour payement de ses souscriptions. Je tournerais cette clause ; elle me paraît agréable ; cela fait un terrible effet en province : le nom du roi dans un contrat de mariage au mont Jura ! figurez-vous ! et puis cette clause réparerait la petite vilenie de monsieur le contrôleur général. J’en écris deux mots à M. le duc de Choiseul[2] et à Mme la duchesse de Grammont[3], La petite est charmée, et le dit tout naïvement : elle ne pouvait pas souffrir notre demi-philosophe[4].

Au reste, vous sentez bien que mariage arrêté n’est pas mariage fait, qu’il peut arriver des obstacles, comme mort subite ou autre accident ; mais je crois l’affaire au rang des plus grandes probabilités équivalentes à certitude.

Mes divins anges, mettez tout cela à l’ombre de vos ailes.

N. B. Hier il parut que les deux partis s’aimaient.

Depuis ma lettre écrite, j’ai signé les articles. Si nous avions le consentement de la petite poste[5], je ferais le mariage demain ; ce n’est pas la peine de traîner, la vie est trop courte.


5157. — À M. DEBRUS[6].
23 janvier 1763.

Je vous remercie, monsieur, de la communication de la lettre de Mme Calas, du 18 janvier. J’en suis très-content, mais je suis

  1. Claude Dupuits de La Chaux épousa Mlle Corneille le 12 février 1763.
  2. Cette lettre manque.
  3. Cette lettre manque aussi.
  4. Vaugrenant.
  5. Le père de Mlle Corneille était facteur de la petite poste : voyez la note, tome XLI, page 47.
  6. Éditeur, A. Coquerel.