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il espère que, quand il s’agira d’imprimer, le texte sacré sera rétabli dans toute sa pureté.

Je suis enthousiasmé du petit livre de l’Inquisition ; jamais l’abbé Mords-les n’a mieux mordu, et la préface est un des meilleurs coups de dent qu’ait jamais donnés Protagoras[1].

Je suis d’ailleurs très-mécontent de frère Thieriot, dont les lettres sont toujours instructives, et qui écrit une fois en six mois. Ce frère aura pourtant, dans six mois, un ouvrage d’un de nos frères de la propagande qui pourra lui être utile[2], et faire prospérer la vigne du Seigneur.

Allons donc, paresseux, écrivez-moi donc comment on a reçu la réplique foudroyante de l’abbé de Chauvelin aux jésuites[3].

Quelles nouvelles du tripot de la Comédie ? quelle tragédie jouera-t-on ? quelles sottises fait-on ? Envoyez-moi donc celles de Piron[4], puisque j’ai lu celles de Gresset[5].


4809. — À M. DAMILAVILLE.
26 janvier.

Mes chers frères, je vous remercie, au nom de l’humanité, du Manuel de l’Inquisition. C’est bien dommage que les philosophes ne soient encore ni assez nombreux, ni assez zélés, ni assez riches, pour aller détruire, par le fer et par la flamme, ces ennemis du genre humain, et la secte abominable qui a produit tant d’horreurs.

M. Picardin me mande qu’il est assez content du succès du Droit du Seigneur : on dit qu’on l’a gâté encore après la première représentation. Il faudrait avoir un peu plus de fermeté, et savoir résister à la première fougue des critiques, qui fait du bruit les premiers jours, et qui se tait à la longue. On ne peut que corriger très-mal quand on corrige sur-le-champ, et sans consulter l’esprit de l’auteur : cela même enhardit les censeurs ; ils critiquent ces corrections faites à la hâte, et la pièce n’en va pas mieux.

  1. On pourrait croire, d’après cette phrase, que d’Alembert, auquel Voltaire donnait le nom de Protagoras, est auteur de la Préface du Manuel des Inquisiteurs, qu’on doit à Morellet. Voyez tome XXV, page 105.
  2. Voltaire se proposait sans doute d’abandonner le produit d’un de ses ouvrages sur le chantier à Thieriot. (B.)
  3. Répliques aux Apologies des jésuites. Voyez tome XXIV, page 341.
  4. Le Salon, poëme, 1762, in-4o.
  5. Lettre à M. le duc de Choiseul sur le Mémoire historique de la négociation entre la France et l’Angleterre, Amiens, 1762, in-4o.