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Nous n’avons point eu de nouvelles intéressantes depuis la dernière colique du czar. Il n’y a eu ni roi détrôné, ni moines abolis, ni batailles données la semaine dernière.


5012. — À M. DEBRUS[1].
Mercredi.

Je renvoie à M. Debrus les lettres qu’il a eu la bonté de me confier. Les trois avocats de Mme Calas et de ses enfants demandent au conseil qu’il soit ordonné que toutes les minutes du malheureux procès soient apportées à Paris, parce qu’on craint qu’à Toulouse les copies ne soient falsifiées. Il paraît qu’en effet ce serait la seule ressource des assassins en robe noire.

Nous n’avons, encore une fois, aucun besoin de l’ambassadeur d’Angleterre ; on doit s’être assemblé chez M. d’Argental. Le rapporteur[2] est aussi bien disposé qu’il peut l’être, et le cri public est si violent que les juges n’oseraient, je crois, refuser la révision. Espérons tout. J’embrasse de tout mon cœur M. Debrus.


5013. — À M. DUCLOS.
Aux Délices, 23 auguste.

Je prie l’Académie de considérer que je n’ai pu employer d’autre méthode que celle de lui envoyer les premières idées des Commentaires sur Corneille, afin qu’elle eût la bonté de les rectifier ; je les travaille avec soin quand elle a eu la bonté de me les renvoyer.

Il arrive quelquefois que, dans les ébauches que je soumets, je m’exprime trop naïvement, parce que alors il ne s’agit que de chercher la vérité, et non de ménager les convenances. Je ne donne pas aussi toute l’étendue nécessaire à mes remarques, bien sûr que l’Académie m’entendra.

Je découvre souvent à la révision une centaine de vers dont j’avais négligé l’examen. Les fautes sont innombrables dans les pièces qui suivent Polyeucte ; le travail est souvent désagréable et ingrat. Cependant je suis beaucoup plus prodigue d’éloges que de critiques ; et on s’en convaincra aisément, si on veut bien jeter les yeux sur les remarques pages 318 et 319[3].

  1. Éditeur, A. Coquerel.
  2. Louis Thiroux de Crosne, maître des requêtes, plus tard lieutenant de police à Paris.
  3. C’est aux pages 318-319 du tome III de la première édition du Théâtre de