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du chirurgien qui soit favorable. Il sera aisé de l’avoir, et ce sera une pièce sur laquelle on pourra commencer le procès.

Depuis cette lettre écrite, j’ai vu celle de M. Lavaysse père et les lettres de Mme Calas, du 21 juillet.

Je conjure cette veuve infortunée de ne pas se désespérer, et je supplie tous ses amis de ne se pas effrayer des lenteurs inévitables dans une telle affaire.

Si M. Mariette est occupé d’autres procès, M. d’Argental pourra choisir un autre avocat au conseil.

Mme la marquise de Pompadour est très-touchée, et on en verra les effets avant qu’il soit un mois. L’Europe entière aura le jugement et les juges en horreur, et cet arrêt de tout le public vaut bien un arrêt du conseil. Il faudra bien que le conseil rende enfin justice quand le public l’aura rendue.

Encore une fois, qu’on voie M. Chaban et M. Héron.


4980. — À M. DAMILAVILLE.
26 juillet.

Je suis actuellement si occupé de l’affaire épouvantable des Calas que je suis bien loin de penser à Mathurin et à Colette[1] ; je m’intéresse plus à cette tragédie qu’à toutes les comédies du monde.

Les comédiens de Saint-Sulpice, et le chef de troupe[2] qui a défendu la pièce aux cordeliers, ont-ils prétendu envelopper le sieur Crébillon dans l’anathème ? En ce cas, voilà tous les auteurs dramatiques obligés en conscience de se déclarer contre leurs ennemis. Mais l’horreur de Toulouse m’occupe plus que l’impertinence sulpicienne. Je vous demande en grâce de faire imprimer les Pièces originales[3]. M. Diderot peut aisément engager quelque libraire à faire cette bonne œuvre. Il nous paraît que ces pièces nous ont déjà attiré quelques partisans. Que votre bon cœur, mon cher frère, rende ce service à la famille la plus infortunée ! Voilà la véritable philosophie, et non pas celle de Jean--

  1. Personnages du Droit du Seigneur ; voyez tome VI.
  2. L’archevêque Christophe de Beaumont. Il avait défendu aux cordeliers de faire pour Crébillon le service que l’Académie française faisait célébrer chez eux à la mort de chacun de ses membres. On en fit un à Saint-Jean-de-Latran ; voyez lettre 4969.
  3. Voyez tome XXIV, page 365.