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ter ; mais leur malheur, immortalisé par votre nom, s’il ne touche pas leurs contemporains, sera du moins plaint par la postérité.

Je ne sais quelle main bienfaisante soutient cette pauvre veuve ; on m’a assuré qu’elle ne souffrait d’aucun besoin, elle-même me l’a confirmé. Je lui ai offert mes secours et ceux de plusieurs amis dans diverses villes du royaume dont je connais les intentions. Je la presserai davantage de les accepter lorsque je serai mieux en état de juger de ce qui pourrait lui manquer. Il me sera bien doux de lui rendre tous les services qui seront en mon pouvoir, et d’y faire concourir tous ceux qui, en admirant vos bontés et vos généreux soins pour cette famille infortunée, s’honoreront de pouvoir imiter tant de vertus.

Je suis avec le plus profond respect, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur. A.


Paris, ce 20 juillet 1762.

J’ai eu occasion de faire remettre à M. le comte de Choiseul un exemplaire des Lettres originales par une personne qu’il honore de sa confiance, et qui s’est chargée d’obtenir sa protection en faveur de la pauvre veuve.


4972. — À M. DE LA CHALOTAIS.
Aux Délices, le 21 juillet.

Je crois, monsieur, que c’est à vos bontés que je dois la réception de votre nouveau chef-d’œuvre[1]. Tous les deux sont d’autant plus forts qu’ils sont ou paraissent être plus modérés. Les jésuites diront : Hæc est ærugo mera[2]. Tous les bons Français vous doivent des remerciements de ces mots : En un mot, des maximes ultramondaines.

Ces deux ouvrages sont la voix de la patrie, qui s’explique par l’organe de l’éloquence et de l’érudition. Vous avez jeté des germes qui produiront un jour plus qu’on ne pense. Et quand la France n’aura plus un maître italien qu’il faut payer, elle dira : C’est à M. de La Chalotais que nous en sommes redevables.

Vous m’avez donné tant d’enthousiasme, monsieur, que je m’emporte jusqu’à prendre la liberté de recommander à votre justice l’affaire de M. Cathala, négociant à Genève. Il implore le parlement pour être payé d’une dette. C’est un très-honnête homme, très-exact, incapable de redemander ce qui ne lui est pas dû. Je sais bien qu’en qualité d’huguenot, il sera

  1. Second Compte rendu, etc. ; voyez lettre 4856.
  2. Horace, livre I, satire iv, vers 100-101.