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(dont nous avons l’honneur d’être), à donner un vaisseau au roi ; mais si les Anglais me le prennent, je ferai contre eux une violente satire.

Frère V. est tout ébahi de recevoir, dans l’instant, une pancarte du roi, adressée aux gardes de son trésor royal, avec un bon rétablissant une pension que frère V. croyait anéantie depuis douze ans. Que dira à cela Catherin Fréron ? que dira Lefranc de Pompignan ? V. embrasse les frères.

Qu’est-ce donc que Zarukma[1] ? Quel diable de nom ! J’aimerais mieux Childebrand.

Je vous prie de me dire où demeure ce pédant de Crévier. Est-il recteur, professeur ? Je lui dois mille tendres remerciements.


4800. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
10 janvier.

Il faut que je fasse part à mes anges gardiens de ce qui m’arrive sur terre. Pourquoi M. Ménard, premier commis, m’écrit-il ? Pourquoi m’envoie-t-il une pancarte du roi ? Garde de mon trésor royal, payez comptant à V…… Bon, Louis. Il est vrai qu’il y a douze ans que j’avais une pension ; mais je l’avais oubliée, et je n’avais pas l’impudence de la demander : je la croyais anéantie. Que veut dire cette plaisanterie ? ne serait-ce pas un tour de nosseigneurs de Choiseul ? Je ne sais à qui m’en prendre ; mes anges, ne seriez-vous point dans la bouteille ?

Cependant renvoyez-moi donc Cassandre.

1° Il ne faut pas qu’il ait été complice de l’empoisonnement d’Alexandre.

2° S’il a donné un coup d’épée à la veuve, c’est dans la chaleur du combat ; et il en est encore plus contrit que ci-devant.

3° Il aime, et est encore plus aimé qu’il n’était, et il en parle davantage dès le premier acte.

4° Antigone a encore plus de raison qu’il n’en avait de soupçonner Olympie d’être la fille de sa mère.

5° Antigone traitait trop Cassandre en petit garçon, et cela rendait Cassandre bien moins intéressant.

6° Les lois touchant le mariage semblaient trop faites pour le besoin présent, et il faut les préparer de plus loin.

  1. C’est une tragédie de Cordier ; voyez tome XLI, page 423.