Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome42.djvu/167

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Saint-Florentin à beaucoup de confiance ; et M. Tronchin, le fermier général, peut tout auprès de M, de Chaban.

Donat Calas, retiré en Bourgogne, a, de son côté, pris la liberté d’écrire à monsieur le chancelier[1], et a envoyé une requête au conseil ; le tout a été adressé à M. Héron, premier commis du conseil, qui fera rendre les pièces selon qu’il trouvera la chose convenable. Je vous en envoie une copie, parce qu’il me paraît nécessaire que vous soyez informés de tout.

J’ai écrit aussi à M. Ménard, premier commis de M. de Saint-Florentin ; je pense qu’il faut frapper à toutes les portes, et tenter tous les moyens qui pourraient s’entr’aider, sans pouvoir s’entrenuire.

Depuis ce mémoire écrit, j’ai reçu une lettre de M. Mariette, avocat au conseil, qui a vu la pauvre Calas, et qui dit ne pouvoir rien sans un extrait des pièces. Mais quoi donc ! ne pourrait-on demander justice sans avoir les armes que nos ennemis nous refusent ? On pourra donc verser le sang innocent impunément, et en être quitte pour dire : « Je ne veux pas dire pourquoi on l’a versé ? » Ah ! quelle horreur ! quelle abominable justice ! y a-t-il dans le monde une tyrannie pareille ? et les organes des lois sont-ils faits pour être des Busiris ?

Voici une lettre que j’écris à M. Mariette ; j’y joins un exemplaire des Pièces originales[2], ne sachant point s’il les a vues. Je supplie M. et Mme d’Argental, nos protecteurs, de vouloir bien ajouter à toutes leurs bontés celle de vouloir bien faire rendre cette lettre et ces pièces à M. Mariette. Ils peuvent, je crois, se servir de l’enveloppe de M. de Courteilles. Je leur présente mes respects.


4957. — À M. DEBRUS[3].

J’envoie le mémoire ci-joint à M. Debrus, et je le prie de n’écrire qu’en conformité. L’avocat Élie de Beaumont est ardent. Il nous faut de tels amis. D’ailleurs il s’est acquis depuis peu de la considération. Ne troublons point une pauvre infortunée, incapable d’affaires. Ménageons sa douleur, sa faiblesse et son embarras. Laissons agir les amis à Paris, Écrivons de tous côtés en sa faveur. Soulevons le ciel et la terre.

  1. Voyez tome XXIV, page 379.
  2. Voyez tome XXIV, page 365.
  3. Éditeur, A. Coquerel.