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le procureur général de Genève[1]. Les affaires de finance ne retarderont pas d’un moment celles de notre veuve. Cela n’a rien de commun. Ce ne sont pas les mêmes ministres qui se mêlent des rentes et de la justice.

M. le marquis de Nicolaï, fils de monsieur le premier président[2], qui est venu à Ferney, m’a promis de parler et de faire parler fortement monsieur son père à monsieur le chancelier. Je lui ai donné un petit mémoire pour que nous soyons renvoyés au grand conseil. Si nous obtenons ce renvoi, je vous réponds que messieurs les roueurs toulousains seront bien menés.

J’embrasse tendrement le généreux et vertueux M. Debrus et son digne ami M. de Végobre, aussi bien que M. Cathala, La Serre, et tous ceux qui s’intéressent si noblement à une famille infortunée.


4933. — À M. DAMILAVILLE[3].
15 juin.

Mon cher frère a probablement reçu une requête que la pauvre infortunée Calas doit présenter au roi, après l’avoir fait apostiller et après avoir fait éclaircir et constater les faits. Elle renverra probablement cette requête à M. Damilaville pour nous être remise et pour lui donner la dernière forme ; après quoi nous la renverrons une seconde fois. Mon cher frère est tout fait pour entrer dans cette bonne œuvre. Il sait sans doute que cette dame n’est point à Paris sous le nom malheureux qu’elle porte.

Est-il vrai qu’on poursuit Jean-Jacques ?

Avez-vous reçu un Meslier de la nouvelle édition ? Avez-vous reçu le Petit Avis ? Il est imprimé à Lyon. Si on joue le Droit du Seigneur, je prie mon cher frère de me mander quels sont les endroits scabreux qu’il faut retrancher ou adoucir dans la scène du bailli et de Colette. Mais prenons garde que la prétendue décence ne fasse grand tort au plaisant.

Frère Thieriot vous a écrit ; il paraît qu’il s’accommode assez de notre vie philosophique. C’est bien dommage que vos

  1. Jean-Robert Tronchin, homme d’un mérite aussi rare et aussi reconnu que le fameux médecin son parent. Voltaire le regardait comme déplacé dans ce modeste emploi de procureur général d’une petite république, et le comparait au grand acteur Baron, obligé de paraître sur un des petits théâtres de la Foire (Note du premier éditeur.)
  2. M. de Nicolaï était premier président de la cour des comptes.
  3. Éditeurs, de Cayrol et François.