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Qui est l’auteur du Savetier[1] ? Apparemment quelqu’un de la profession. Le gaillard savetier[2] de La Fontaine vaut mieux.

Je m’intéresse à l’abbé du Resnel ; je suis de son âge. Je m’intéresse à Ballot[3], et plus à vous. Vous avez donc soixante et trois, et moi soixante-sept. Je suis quelquefois assez gai pour mon àge ; demandez à Lefranc.

Vale, vive, scribe, lætare.

Venez ici, vous et vos nerfs.


4361. — À M. TRONCHIN, DE LYON[4].
Délices, 8 décembre.

L’affaire des frères jésuites commence à être sourdement connue dans la ville de cet enragé de Calvin. Notre procureur général n’en est pas fâché. D. de Ch., notre secrétaire d’État, qui a été le prête-nom des jésuites pour acheter le bien des orphelins, est un peu honteux ; mais il se range à son devoir. Il se pourra faire que les frères jésuites soient forcés à offrir aux héritiers une somme de 2,000 écus et plus pour les apaiser ; il se pourra que les héritiers s’en contentent. En ce cas, j’aurai dégraissé les enfants d’Ignace, j’aurai vidé leur bourse et comblé leur honte, et je chanterai alléluia en reprenant mon argent. Louez Dieu de tout cela. J’avoue que les jésuites me damneront ; mais Dieu, qui n’est ni jésuite, ni janséniste, ni calviniste, ni anabaptiste, ni papiste, me sauvera.

Dans ce moment un jésuite sort de chez moi ; il s’est venu soumettre, ils rendront le bien. Je vous donnerai le détail de cette aventure. Il faut toujours que les Tronchin entrent dans les bonnes affaires.

Pour Mlle Chimène et Rodogune, quand elle viendra, je la recommande à vos bontés.

Si les Délices sont bien jolies, Ferney a son mérite. Tout est bientôt dans son cadre, et le cadre est cher. Il nous en coûtera

  1. Irus ou le Savetier du coin, Genève (Paris), 1760, petit in-8o de 23 pages, est un poème satirique de Grouber de Groubenthall, mais qu’on attribuait à Voltaire, sans doute parce qu’on se rappelait les vers de son premier des Discours sur l’Homme ; voyez tome IX.
  2. Livre VIII, fable ii.
  3. Voyez tome XXXIII, page 505, et les Mémoires de Marmontel, livre IV. Voltaire a signé des noms de Matthieu Ballot une de ses Pompignades en 1760 (voyez les Oui, dans les Poésies mélées, tome X.
  4. Éditeurs, de Cayrol et François.