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CORRESPONDANCE

vôtres ! Mille respects à Mme du Deffant. Comptez qu’il y a peu de femmes qui aient autant d’esprit qu’elle. Il faut qu’elle aime les frères de tout son cœur, et comme je vous aime.


4338. — À M. DUCLOS[1].
19 novembre.

C’est pour vous donner avis, mon cher et illustre confrère, que je vous ai adressé un paquet et une lettre sous l’enveloppe de M. Jannel  ; vous m’aviez mandé que je pouvais me servir de cette voie. Vous croyez bien que ce n’est pas la lettre T qui est dans le paquet ; c’est un Czar. Peut-être n’avez-vous pas encore prévenu M. Jannel de l’envoi que je devais vous faire, et ce paquet pourrait bien rester à la poste. Je vous disais dans ma lettre que M. Duvergier, l’un des cent bras de M. de Montmartel , a ordre de payer les 600 francs, et que vous n’avez qu’à faire écrire le nom de M. Duvergier sur mon billet.

Aujourd’hui je vous écris sur ce qu’on m’a mandé que Fréron, dans l’une de ses feuilles, s’avise de dire que, dans la dernière assemblée publique, il n’y avait que douze académiciens, que les autres dédaignent trop le corps pour paraître au nombre de ses membres. Voilà à peu près le sens de ce qu’on m’a mandé. Si cela est, souffrirez-vous que ce misérable insulte impunément l’Académie ? J’ai vu un temps où il aurait été puni. C’est à vous à voir ce que vous devez et ce que vous pouvez faire. Je m’en rapporte bien à vous.

Je suis à vos ordres avec les sentiments que je vous dois.


4339. — À M. LE DUC D’UZÈS.
19 novembre.

Monsieur le duc, béni soit Dieu de ce que vous êtes un peu malade ! Car, lorsque les personnes de votre sorte ont de la santé, elles en abusent, elles éparpillent leur corps et leur âme de tous les côtés ; mais la mauvaise santé retient un être pensant chez soi, et ce n’est qu’en méditant beaucoup qu’on se fait des idées justes sur les choses de ce monde et de l’autre ; on devient soi-même son médecin. Rien n’est si pauvre, rien n’est si misérable, que de demander à un animal en bonnet carré ce que l’on doit croire. Il y a longtemps que je sais que vous cherchez la vérité

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.